Chapitre 4 : Athan

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         Je suis à un point concentré sur ce splendide toutou, que je n'ai même pas fait attention à la jeune fille qui s'est approchée de nous. Je n'ai pourtant pas pour habitude de me faire surprendre par quiconque. Ma surprise ne fut que plus grande lorsque j'ai posé mes yeux sur elle.

Elle est rayonnante. Je pourrais croire que c'est une illusion, que mes yeux me jouent des tours à force d'avoir trop longtemps fixé le soleil éblouissant, que mon cerveau travail à reproduire la nature autour de moi sous les traits d'une fille. Mais non. Elle est bien réelle. Ses longs cheveux blonds, que j'entraperçois dans son dos, reflètent parfaitement les rayons du soleil, je pourrais presque dire qu'ils sont de la même couleur. Ils se noient l'un l'autre.

Elle continue de s'approcher, d'une démarche sûre et confiante. Elle n'est pas grande, mais son attitude la grandit. Alors qu'elle n'est plus qu'à deux ou trois mètres de moi, je devine enfin les contours de son visage ainsi que son expression. Elle semble furieuse, je ressens comme une profonde colère en elle et ses sourcils froncés confirment cette impression. Mais ce n'est pas seulement ça. Ses lèvres pincées et son regard triste donnent plutôt l'impression qu'elle est soulagée. Mais pourquoi ?

﹘ Eh ! Excuse-moi !

﹘ Quoi ?

﹘ Je t'ai demandé comment tu avais retrouvé mon chien ? me demande-t-elle.

Je garde les yeux fixés sur elle. J'entends bien qu'elle me parle et que je dois répondre, mais quelque chose concentre mon énergie non pas sur la situation, mais juste sur elle.

﹘ Dis donc mon gars tu vas réagir ou me fixer d'un air ahuri toute la matinée ?

﹘ Pardon.

Il faut pourtant que je me concentre pour lui répondre ou elle va me prendre pour un dingue.

﹘ D'accord... souffle-t-elle avec énervement. Je peux récupérer mon chien ?

﹘ Hein ?

Je suis toujours en train de caresser le berger blanc, encore très calme.

﹘ Oui.

Vais-je arrêter de me conduire comme ça à la fin ?

﹘ Tu parles constamment par monosyllabe ou tu sais parler ? finit-elle par demander avec un rictus à peine dissimulé.

﹘ Excuse-moi. Oui, je sais parler, je suis juste... distrait.

﹘ C'est ce que je vois en effet. Puis-je savoir ce qui te perturbe à ce point ?

﹘ Tes yeux.

Voilà que tous les sentiments qui émanaient d'elle s'évanouissent pour laisser place à la surprise.

﹘ Je crois ne jamais avoir vu des yeux aussi bleus. Je pourrais m'y noyer si je ne fais pas attention, je complète, alors que ses joues rougissent.

Quelques secondes passent. Ni elle ni moi ne bougeons. Le temps s'est à nouveau arrêté comme pour me permettre de graver ce moment dans ma mémoire. Lorsque c'est fait, je brise le silence.

﹘ Je t'ai contaminé.

﹘ Comment ?

﹘ Maintenant, c'est toi qui n'as plus les mots et qui parles par monosyllabes, réponds-je avec un sourire grandissant au coin des lèvres.

﹘ Oui, c'est vrai. C'est que, je n'ai pas l'habitude que l'on me fasse des compliments.

﹘ Et donc tu ne sais pas comment réagir, c'est ça ?

Elle acquiesce avec un hochement de tête presque imperceptible.

﹘ Très bien.

Elle me fixe, de plus en plus étonnée. J'étais alors encore à genoux. Je me relève et tends la main vers elle. Elle descend ses yeux vers ma main tendue, et je constate qu'elle est dans l'incompréhension la plus totale.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant