Chapitre 47 : Chris

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Ça fait des jours que je tourne en rond. Allia et mon père ont encore réussi à me persuader de ne pas foncer tête baissée au siège du Cénacle. Avec le recul, je sais pertinemment qu'ils ont raison, mais je pense à Athan, seul dans une cellule de la Tour Ambre à subir je ne sais quoi. Allia, qui pourtant est sa geôlière, ne me donne aucune information. J'ignore si c'est par méconnaissance de la situation réelle d'Athan ou si c'est parce qu'elle veut me protéger de mots qui pourraient me faire du mal. Malheureusement, je suis dans l'obscurité la plus totale.

Ce que je sais, c'est que c'est la débâcle de la société. Personne n'est épargné. Le Cénacle tente de trouver comment contrôler la population, quel mensonge inventer pour les apaiser. La Garde est entièrement mobilisée dans tout le pays, les émeutes s'empirant de jours en jours. Les Conseillers, dont mon père, passent leur temps à gérer les liens diplomatiques internationaux et l'image médiatique du gouvernement. Toute la population veut la peau du gouvernement, des pirates ne cessent d'attaquer leurs systèmes informatiques pour les rendre aveugles et muets, ce qui est une aubaine pour moi.

Grâce à ces derniers, je peux très facilement m'infiltrer dans les banques de données sans me faire repérer. Ainsi, j'ai pu récupérer les plans de la Tour Ambre. Je les ai longuement étudiés, repérant chaque faille possible, chaque chemin de traverse et issues de secours. Je prévois déjà quels chemins je peux prendre pour rejoindre sa cellule. Malheureusement, la plupart me font passer par le chemin d'accès au siège du Cénacle, là où je pourrais croiser des Obliquatur. Les autres sont plus longs et si je les prends, je prends le risque de rencontrer des personnes indésirables, ou de me perdre.

Après une semaine, je suis résolue. Après dix jours, je commence vraiment à craindre. Là, cela fait dix-sept jours qu'Athan a été enlevé. Sur les conseils d'Allia, j'ai fui rapidement l'appartement. Désormais, je me cache où je le peux dans la ville. Avec la foule de citoyens, je passe inaperçue, même aux abords de mon objectif. Étonnamment, je me sens mieux ici qu'ailleurs, je me sens proche d'Athan et j'ai parfois presque l'impression qu'il est avec moi.

Aujourd'hui, je me suis posée dans un café déserté. Parfois, je me dis que j'ai créé l'apocalypse avec mon dossier. Des lieux comme celui-ci qui se retrouvent vides, pillés. Dans mon imagination, voilà à quoi ressemble un monde au bord de l'anéantissement.

Je bosse, comme quasiment à chaque minute maintenant, sur mon plan, en attendant une fenêtre d'ouverture qui ne nous fera pas tous tuer. Je suis tellement concentrée sur mon travail que je n'entends malheureusement pas que quelqu'un se faufile dans mon dos.

﹘ Halte ! Les mains en évidence.

La voix déformé comme ceci, il s'agit d'une Sentinelle. Merde ! Sans même le voir, je sens son arme pointée sur moi. Je lève les mains en l'air, mon ordinateur face à moi contenant les plans du Cénacle. Si il ou elle s'en aperçoit, je suis fichue. Je me retourne doucement, pour faire face au garde.

﹘ Que faites-vous ici ?

﹘ Rien, euh... Je... travaillais c'est tout.

Il jette un œil derrière moi pour regarder. Je me décale presque imperceptiblement pour l'empêcher de voir. Il se crispe sur la crosse de son arme.

﹘ Mademoiselle, décalez-vous.

Je ne bouge pas, c'est hors de question. Quitte à me prendre une balle, je préfère cacher ce que je fais, car les noms de mon père et d'Allia sont liés à mon projet.

Voyant que je ne bouge pas, la Sentinelle me pousse violemment sur le côté pour avancer vers mon ordinateur. Je profite de sa baisse d'attention et du fait qu'aucune arme ne soit directement pointée sur ma tête pour agir.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant