Chapitre 10 : Chris

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            Je n'ai qu'une envie, c'est de sortir de cette maison, aussi vite que possible.

﹘ Elle commence sérieusement à me gonfler ! Je me demande vraiment pourquoi Allia est comme ça avec moi. Qu'est-ce que j'ai bien pu lui faire pour qu'elle soit aussi mauvaise et intraitable avec moi ?

Je rage seule dans ma chambre après le passage d'Allia. Je n'imaginais pas un seul instant qu'elle débarquerait ici sans crier gare, au vu de sa réaction d'hier soir. Mais encore une fois, elle a attendu que je ne sois plus sur mes gardes pour me surprendre. Elle voulait que je sois détendue pour faire le plus de dégâts.

Lorsque je suis sur la défensive, je ferme mon esprit à ses intrusions, seul mon corps est alors à sa disposition. Or les coups, c'est bien loin d'être le pire. Et ça, elle le sait parfaitement. Elle a donc attendu le petit matin, quand je pensais qu'elle avait oublié mon escapade avec Neige, quand j'étais encore à moitié dans les bras de Morphée, soumise aux rêves futiles qui avaient ponctué la fin de mon sommeil.

            J'étais en larmes lorsque j'ai aperçu par la fenêtre une silhouette que j'ai cru reconnaître. En essuyant mes larmes, j'ai découvert que c'était lui, mon petit poète d'hier. Je lui ai fait signe de m'attendre parce que je ne pouvais en aucun cas rester une minute de plus ici, de peur qu'Allia n'ait encore une fois besoin de passer ses nerfs.

En marchant, je me rends compte que je suis vraiment heureuse de le revoir. Cela faisait longtemps que j'étais enfermée dans ma routine, dans mes études et même chez moi. Et avec Athan, j'ai une véritable bouffée d'oxygène. C'est agréable. Peut-être qu'avoir un ami n'est pas aussi nul que je l'aurais pensé.

Nous ne nous disons pas grand-chose sur le trajet. Je mets juste les points sur les i avec lui, pour lui faire comprendre que je ne le suis pas par contrainte, mais par envie.

Arrivés au parc, nous descendons près de la rivière qui coule en contrebas.

﹘ J'aime le bruit de l'eau. C'est apaisant, c'est naturel. (Je marque une pause avant de reprendre.) En fait, j'aime tout simplement l'eau. On ne peut pas la dompter, elle se faufile où elle veut, elle permet à la vie de prospérer et en même temps, elle peut tout détruire.

Athan, assis juste à ma droite me regarde intensément. Un léger sourire à la commissure gauche de ses lèvres.

﹘ Quoi ? J'ai un bout de salade entre les dents ?

﹘ Non. (Il rit.) Non bien sûr que non. Je me disais juste que c'est moi que tu appelles poète, mais on peut dire que tu te débrouilles bien avec les mots toi aussi.

﹘ C'est gentil.

Je pense vraiment que je rougis. Je ne me vois pas, mais je sens bien que le haut de mes joues se réchauffe. Mais peut-être que c'est à cause du soleil. Je vous laisse vous faire votre propre opinion, je garde la mienne pour moi si vous le voulez bien.

﹘ À vrai dire, j'aimerais bien devenir avocate un jour. Je dois bien savoir jongler avec les mots sinon je serais incapable d'aider qui que ce soit.

﹘ Et le peu que j'ai pu entendre, je pense que tu t'en sors déjà très bien. C'est un beau projet, et c'est assez étonnant que quelqu'un d'aussi jeune soit poussé vers cette branche. D'où est-ce que cette envie t'est venue ?

﹘ Cela fait quelques années maintenant. J'ai toujours eu envie d'aider les gens et en particulier ceux dont on ne rend pas justice. Depuis toute petite, j'étudie l'Histoire et je me suis rendue compte que pendant des centaines d'années, le même problème revenait, les plus forts décidaient et gagnaient, mais ils étaient loin d'être les plus vertueux et les plus justes.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant