Chapitre 54 : Chris

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 Ce moment avec Athan a été inoubliable. Une journée magique, si je puis dire cela. Nous avons vécu tout ce que nous nous refusions de vivre depuis des années, tout ce que le système nous a empêché de vivre. Malheureusement, nous ne pouvions pas vivre pour toujours dans notre rêve. Un jour, il faut revenir à la réalité et l'affronter. L'avantage, c'est que notre escapade dans le monde des songes nous a octroyé le courage nécessaire pour mener le combat qui nous attend.

Je suis emmenée par une Sentinelle dans la salle du Conseil. Cette dernière est immense et carrément flippante ! Menottée les mains dans le dos, face au Cénacle complet, fier derrière son pupitre, entourée de gardes armés, je me sens d'un coup toute petite. Je croise le regard d'Athan, menotté lui aussi, à genoux au centre de la pièce. Ses traits sont nobles, son regard appuyé. Je repense à ce que nous nous sommes dit cette nuit. Tout cela me donne le courage nécessaire pour me sentir à la hauteur. Je suis peut-être prisonnière à ce moment précis, mais ça ne va pas durer.

La Sentinelle dans mon dos m'appuie sur l'épaule pour me forcer à m'agenouiller, juste à côté d'Athan. Derrière moi, il vérifie que je suis bien attachée, puis s'écarte.

À genoux, je ne baisse pas la tête et plonge mes yeux dans ceux d'Irène face à moi. Je veux lui montrer que je n'ai pas peur, je soutiens son regard, un air aussi fier que le sien. Je dois la défier.

Irène, trônant prétentieusement au milieu des autres membres du Cénacle, se lève alors :

﹘ Christine Remaine, c'est fort dommage de vous voir aujourd'hui parmi nous pour ce genre d'affaire. Voyez-vous, j'ai parcouru votre dossier. Vous êtes une jeune femme brillante. Vous avez réussi le Test haut la main. Des résultats si impressionnants que vous auriez pu, un jour, candidater pour diriger le Cénacle. Et vous êtes si ingénieuse et perspicace que vous avez réussi à nous mettre dans un sacré embarras ces derniers jours. Votre fuite, dans les médias, de nos secrets d'Etat, nous a mis dans une position délicate. Quoi qu'il en soit, vous êtes quand même ici avec nous aujourd'hui.

﹘ Rien à voir avec mes capacités intellectuelles. Si je suis ici, c'est parce que vous m'avez piégée. C'est ma bienveillance qui m'a amenée là, pas ma bêtise, et encore moins votre clairvoyance.

﹘ Hum. L'essentiel, c'est que vous soyez présente. Car voyez-vous, j'ai fait une proposition à Athan il y a un peu plus de deux semaines. Depuis, il s'est montré très désinvolte face à celle-ci.

﹘ Ce n'est pas une proposition quand on ne vous laisse pas le choix de la réponse.

﹘ Ah ! Mais voyez-vous Mademoiselle, quand les enjeux sont aussi grands que ceux qui sont à l'œuvre en ce moment, il ne devrait pas y avoir de place au choix. Les pouvoirs d'Athan sont la clé pour ramener la paix dans le régime.

﹘ Selon qui ?

﹘ Selon nous, me répond-elle en ouvrant les bras pour désigner les quatre autres membres du Cénacle.

Je jette alors un coup d'œil furtif à Caleb et Emilia, à la droite d'Irène, ces derniers me font un signe discret pour que je poursuive. Je ris doucement pour agacer mon interlocutrice.

﹘ Je croyais qu'avec votre posture de mégalomane vous preniez les décisions toute seule. Mais je me trompe alors. Vous qui vous pensez si puissante, vous avez besoin de l'aval d'un groupe d'incompétents pour agir.

﹘ Ne soyez pas insolente. Votre position est déjà bien instable, je vous déconseille de me pousser à bout.

La voilà la faille.

﹘ Je disais donc que les pouvoirs d'Athan sont la clé. Malheureusement pour lui, il est le seul empathe que nous ayons découvert, malgré des années de recherches. Ses états d'âme l'empêchent de voir les choses dans leur ensemble. C'est pourquoi j'ai dû agir. C'était son choix.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant