Obliquatur (en réécriture)

Chapitre 27 : Chris

        J'ai permis à Athan de rester ici quelque temps. Il s'est assoupi sur le canapé et pour cela, je suis contente. J'ai eu un mal fou à reconnaître le garçon doux, calme et généreux que j'ai connu et qui s'est pointé devant ma porte ce matin. Je profite de son sommeil pour faire le tri dans le bureau et vérifier quelques points à propos de cette histoire.

Sur mon écran d'ordinateur se trouve encore l'objet de la colère d'Athan. Ce rapport contenant deux noms et quelques mots capables de détruire tout un monde.

                    Amélia Decroix, Amentis, éliminé -- Ed Decroix, époux, traître, éliminé

Pas de contexte. Pas d'explication. Juste deux noms qui seront oubliés de tous, sauf de leur fils. Le pire, c'est que Ed a été défini comme un traître. C'est sans doute une des pires choses qui aurait pu arriver surtout que c'est un terme qui est loin de lui correspondre.

Je suis plongée dans mes documents quand j'entends la voix d'Athan.

﹘ Que s'est-il passé tu crois ? J'y réfléchis, mais je n'arrive pas à comprendre.

Il est posé sur le seuil du bureau, épaulé contre le cadre de porte, les jambes croisées. Je ne l'ai jamais vu si sérieux. Il attend des réponses, que je ne peux malheureusement pas lui fournir, je ne peux que supposer tout comme lui. Son regard me supplie de lui répondre.

﹘ Si tu veux mon humble avis Athan, ton père a essayé de sauver ta mère.

J'ignore si ça le rassure ou l'apaise, en tout cas, c'est un point dont je suis presque sûre. Je poursuis :

﹘ En étudiant ce que l'on a, je peux supposer que Ed a retrouvé Amélia et a cherché à la ramener auprès de toi. Mais d'après d'autres rapports, ta mère a été identifiée quelques jours plus tôt, elle était déjà dans le viseur de la Garde. Je pense qu'ils étaient en train de fuir. Pour moi, ils étaient tous les deux dans la voiture. Des Sentinelles les ont malheureusement retrouvés. Ils ne s'en seraient jamais sortis, surtout si un ou plusieurs Obliquatur étaient présents.

Ses yeux s'embrument, mais toujours pas de larmes. Il joue la scène dans sa tête, je le vois bien, et il se fait du mal. Je me lève et me rapproche de lui.

﹘ Athan. Tes parents étaient ensemble jusqu'au bout. J'en suis persuadée. Garde cela en mémoire et rien que cela. Ne te torture pas davantage. Ce n'est pas ta faute.

﹘ S'ils étaient ensemble, où est le corps de ma mère ?

﹘ Le Cénacle s'efforce encore de cacher ce qu'il fait. Ils font donc disparaître un maximum de preuves, dont les corps des Amentis éliminés. Pour ton père, cela aurait été trop suspect de le faire disparaître. C'est pour cela que le rapport indique qu'il était seul.

﹘ Je veux les venger Chris. Je veux que la Garde paye pour ça. Je veux détruire le Cénacle jusqu'à la racine.

﹘ Je comprends. C'est normal. Tout ce que je peux faire, c'est te permettre de m'aider dans mon enquête et pour monter mon dossier. Je te demanderais juste quelques petites choses en échange...

﹘ Tout ce que tu veux.

﹘ Premièrement, prends le temps de faire ton deuil, n'agit pas sous le coup de la colère.

﹘ D'accord.

﹘ Secondement, je veux que tu m'expliques pourquoi tu as pété un plomb tout à l'heure. Et je veux la vraie raison, j'insiste.

Il inspire profondément. Je pense qu'accepter ma demande lui coûte beaucoup.

﹘ Bien. Je vais tout t'expliquer. Mais devant un café.

Il me tourne le dos avant de s'arrêter net. Il fronce les sourcils, cachant le vert de ses yeux, clairement, ça ne l'embellit pas.

﹘ Au fait, c'est quoi un Obliquatur ?