Chapitre 19 : Athan

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            Les jours se suivent et mon moral faiblit peu à peu. Je n'arrive toujours pas à assimiler de nouvelles informations, travailler est donc peine perdue. Chris m'a déposé deux lettres sur le pas de la porte depuis que nous nous sommes quittés.

Dans la première, elle me raconte ces moments avec son père, sa joie de retrouver une famille, sa relation avec sa sœur qui semble au premier abord s'améliorer même si elle reste sur ses gardes. Elle me dit que je lui manque, mais également qu'elle prend le temps de se ressourcer sur elle-même et sur ses émotions.

Dans la seconde, elle m'apprend qu'elle poursuit ses recherches sur ce que nous avons découverts à propos du Cénacle et qu'elle me parlera de ses découvertes à notre prochain rendez-vous.

Elle me manque. Son esprit, sa bonne humeur, ses sarcasmes, sa combativité et cette manière qu'elle a de m'appeler "le poète". Je prends sur moi, mais c'est dur. Mon père le voit, mais ne m'en fait pas la remarque, il tente pourtant de me remonter le moral dès qu'il le peut.

             Aujourd'hui, j'ai seize ans. Et j'ignore encore ce que je vais faire de ma vie. J'y réfléchis depuis que nous en avons discuté avec Chris et pour le moment, la seule chose dont je suis certain, c'est qu'elle fera partie de cet avenir. Je me lève difficilement, la tête embrumée, la pluie tonnant encore sur ma fenêtre. Je m'habille à l'arrache et ne cherche pas à coiffer mes cheveux.

Quand je descends, je m'attends à retrouver mon père, mais j'ai une surprise qui fait faire un bond à mon cœur.

﹘ Salut le poète ! s'exclame ma belle.

J'en reste pantois. Mon père me fait un clin d'œil depuis la cuisine. Bien sûr, c'est lui qui a manigancé tout ça. Quand je reprends un peu mes esprits, je fonce dans les bras de Chris. Je l'étreints comme si je ne l'avais pas vu depuis des années.

﹘ Tu m'as manqué ma belle.

C'est niais, je sais, mais c'est tout ce que je trouve à lui dire à ce moment précis.

﹘ Bon les jeunes, moi je vous laisse, lance mon père derrière mon dos. Puis, il me souffle à l'oreille, ne faîtes pas trop de bêtises.

             Nous passons une journée merveilleuse. J'en profite un maximum, car je sens que ce sera la seule avant encore un moment. Je connais Chris maintenant et je sens qu'elle est encore un peu perdue même si je vois bien que son moral est revenu. J'aime la voir comme ça. J'ai l'impression de la redécouvrir. Nous parlons de tout et de rien, mais nullement de nos problèmes. Nous voulons l'un comme l'autre simplement profiter de l'instant présent.

Lorsqu'elle part en fin de journée, je me sens à nouveau vide. Toutefois, nous nous promettons de nous retrouver sur le lieu de notre rencontre dans une semaine jour pour jour. Seulement, le destin n'était pas en accord avec nos projets.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant