Chapitre 41 : Athan

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         Je me réveille avec un mal de tête carabiné. Je passe ma main à l'arrière de mon crâne et constate qu'une bosse est en train de naître sous mes doigts. Allongé sur le sol, face contre terre, dans un endroit qui m'est inconnu, sur lequel je dois être depuis un moment.

Mes muscles sont complètement endoloris, j'ai l'impression d'être sur le sol dur depuis des heures. Mes assaillants n'ont même pas pris la peine de me mettre dans une position un minimum confortable. J'essaye de me relever, mes bras me portent difficilement, surtout celui qui a été blessé dans la bagarre, mais j'arrive tout de même à m'adosser à un mur. Je n'ai pas été soigné, même pas un bandage pour mon bras et ma jambe. L'avantage, c'est que mes plaies ne saignent plus.

La lumière me fait mal aux yeux. Je les garde plissés un maximum afin de pouvoir analyser l'endroit où je suis. Après quelques instants, mes yeux s'accommodent à la luminosité ambiante et je parviens à voir plus distinctement mon environnement.

Je suis dans une pièce minuscule, à peine assez grande pour contenir un semblant de lit, ou plutôt une paillasse, une toilette et un lavabo, et juste assez d'espace pour me permettre de tenir allongé et debout les mains en l'air. Mais rien de plus. Les murs et le plafond sont complètement lisses et blancs. Rien ne ressort à part une ampoule qui fonctionne à plein régime. Même pas une porte en vue. Une cellule. Je soupire.

Je suis dans l'une des cellules du Cénacle, dans la Tour Ambre. Pas besoin de confirmation. Je le sais. C'est bon, ma liberté s'est envolée. Dans quelques heures, je serais soit mort soit enrôlé dans la Garde, forcé à tuer pour le compte du Cénacle.

Tout ce que j'ai toujours voulu éviter s'est produit. Tout ce pour quoi je me suis battu n'a servi absolument à rien. Même la mort de mes parents n'a plus aucun sens maintenant. Tout est perdu. Nous avons perdu. Chris ! J'ose à peine imaginer dans quel état elle doit être en ce moment. J'ignore depuis combien de temps je suis là, mais je sens au plus profond de mon être qu'elle s'est rendu compte de ma disparition. Je prie pour qu'elle ne se mette pas à ma recherche.

Je reste là, adossé contre l'un des murs de ma prison, pendant un temps indéterminé, jusqu'au moment où je vois l'une des cloisons s'ouvrir. La porte était bien cachée finalement, aucun moyen de la crocheter ou de l'enfoncer. Ingénieux. Une Sentinelle entre alors.

﹘ Debout.

C'est un ordre. Sa voix est dure, tranchante. Je refuse de m'y soumettre. Pas question de leur donner cette satisfaction, je leur ai déjà donné bien assez et bien trop de mon temps et de ma raison. À partir de ce moment précis, ils n'auront plus rien de moi.

Voyant mon air résolu, ou par habitude je suppose, la Sentinelle ne décide pas de répéter son injonction. Le garde vient m'attraper le bras gauche et me relever avec une force impressionnante. Il me menotte les poignets et me pousse dans le dos vers la sortie. Nous traversons des couloirs qui me font penser à ceux du bâtiment où j'ai passé le Test. Je tente de retenir les différents virages que l'on prend. On ne sait jamais, je garde espoir de trouver une faille, de fuir. Dans ce cas, connaître la structure de ma prison serait un avantage.

Après avoir parcouru une belle distance, nous pénétrons dans un grand hall. Tout est toujours blanc du sol au plafond, immaculé, pur. Loin de représenter la valeur du Cénacle, surtout ces dernières années. Nous montons des marches, au-delà desquels une immense table trône au milieu de la pièce.

Cinq personnes sont positionnées juste derrière elle. Trois femmes et deux hommes. Ils ont la tête haute, le regard fier, les mains jointes devant eux. Ils puent la confiance et le pouvoir. Je sais d'avance de qui il s'agit mais leur tenue me le confirme. Chacun d'entre eux portent un costume taillé d'une couleur vert d'eau très clair. L'emblème du Cénacle épinglé sur leur cœur avec une broche noire qui est visible de loin. Je fais vraiment pitié à côté d'eux avec mes vêtements tachés de sang et déchirés par endroit. Mais je reste digne, je ne dois leur montrer aucune faiblesse.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant