Chapitre 45 : Athan

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Allia est passé me voir. Elle m'a annoncé que j'étais là depuis trois jours déjà, et que je suis seul depuis bientôt trente heures depuis mon épreuve avec l'Obliquatur. Cela signifie que depuis des dizaines d'heures, je suis recroquevillé dans un coin, encore abasourdi par ce que j'ai pu voir et entendre, à me poser des questions existentielles, à essayer de me persuader que tout ce qu'il m'a dit est faux, à penser à Chris et à me dire que je dois me reprendre, pour nous, pour elle, et en même temps, les paroles de la Sentinelle me reviennent en pleine face à chaque fois que je fais un pas en avant.

Résultat, je reste prostré dans une boucle sans fin, entre l'espoir et la culpabilité. Je n'ai même pas dormi, ou que très peu, la lumière persistante de la pièce ne s'arrête jamais. Les images dans ma tête m'empêchent de me reposer.

C'est à peine si j'ai pris conscience de la présence d'Allia quand elle était là. Je n'ai pas bougé, je n'ai rien dit. Pas la force. L'idée m'a traversé l'esprit de lui demander sa version de l'histoire d'il y a trois jours, mais à quoi bon. Si il y avait une infime chance qu'elle corrobore la vision que j'ai eu, j'aurais été détruit, je refusais de prendre le risque.

Les seuls moments où je sors un tant soit peu de ma léthargie, c'est quand ce plateau contenant un verre d'eau et un morceau de pain m'est donné, deux fois par jour. C'est maigre. Mais c'est un autre moyen pour me faire craquer. Je prends le pain, le casse en deux et... il y a quelque chose à l'intérieur. Un papier replié sur lui-même, caché dedans. Mon cerveau reprend vie d'un coup, et toute mon attention se porte dessus. Je l'ouvre, c'est un message.

Ne perdez pas espoir. Restez fort.

Ils vous mentent.

Rappelez-vous, vous êtes un empathe.

Entraînez-vous, vous pourrez les combattre.

Un ami qui vous veut du bien.

C.

Perplexe, je relis le mot deux, trois fois. Est-ce un piège ? Je ne pense pas. Ils ne me donneraient pas de clé pour leur tenir tête. D'ailleurs, j'aurais préféré un badge d'accès pour sortir de cette cellule plutôt qu'un bout de papier.

Mais qui peut donc être ce C ? Pourquoi voudrait-il m'aider ? Qu'est-ce qu'un empathe ? J'ai l'impression que je suis censé le savoir mais je n'aie rien. Foutue mémoire. Le souvenir doit être là quelque part, sans que j'y ai accès. Mais si cela est la clé de ma survie, je dois la retrouver et la comprendre.

Bien. Les questions se bousculent encore dans ma tête, mais je dois faire le tri. Cela est très compliqué pour moi après ce que j'ai déjà vécu ces derniers jours qui me bouffe la tête et la fatigue qui commence doucement à s'emparer de moi. Seulement c'est trop important. Je dois absolument y arriver. J'inspire profondément, m'installe et commence à fouiller mon esprit. Je me concentre sur un seul mot : Empathe. Je dois comprendre.

Dans un petit coin de ma tête, ma motivation : l'image de Chris qui me permet de maintenir la tête hors de l'eau et qui, comme ces derniers mois, me permettra de faire travailler ma mémoire correctement. Je repense à nos exercices pendant que je préparais le Test, et je réutilise les méthodes qu'elle m'a enseignées pour accéder à mon passé. Il me faut du temps. Je commence à désespérer à nouveau.

C'est affreux, d'avoir aussi souvent ces changements de mentalité. Un coup l'espoir, un coup l'abattement. Mais je ne perds pas ma concentration et c'est une bonne chose. Car enfin, je touche au but. Quelque part dans les méandres de mon esprit, un souvenir, la clé. Ce que j'essaye de me remémorer depuis des jours, mon face à face avec le Cénacle. Je savais que ce moment était important.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant