Chapitre 46 : Athan

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Je hais cette femme. Elle est imbue d'elle-même, sûre d'avoir les réponses à toutes les énigmes et suffisamment cinglée pour faire torturer les gens. J'ai senti son immoralité. Elle est malsaine et en a conscience. Je sens qu'elle peut aller loin, très loin pour avoir ce qu'elle veut.

Je me suis senti petit, médiocre face à elle. Mon corps semblait répondre de lui-même au sien, comme captivé, fasciné, à l'opposé des signaux que ma tête m'envoyait. Je n'ai jamais rien connu d'aussi étrange. Elle exerce une emprise sur les gens qui est pernicieuse. Je tente d'oublier ce ressentiment qui me colle à la peau, mais j'ai l'impression d'avoir comme un parasite au fond de ma chair qui s'est accroché et ne veut pas me lâcher.

Quand la pression se relâche un peu, la fatigue me submerge complètement. Des jours (enfin je crois) durant lesquels je ne me suis que peu reposé, durant lesquels j'ai supporté des tortures, durant lesquels j'ai dû garder l'esprit alerte. Là, je sais que j'ai deux jours devant moi, paisibles en un sens. Je sais que ma décision ne va pas évoluer. Ainsi, c'est comme si mon corps et mon esprit me donnaient la permission de me détendre. Je tombe dans les bras de Morphée.

J'espérais, quitte à sommeiller, que ce serait un sommeil réparateur, sans rêve, seulement le trou noir. Mais voilà, la vie n'est jamais ce que l'on souhaiterait, en particulier quand il s'agit de la mienne.

J'ouvre les yeux sur une mer de nuages. Au départ, je me dis que je suis mort, et je l'accepte étrangement bien. Puis quelqu'un qui ne m'est pas complètement inconnu s'approche de moi.

﹘ Bonjour Athan, je suis ravie de te voir.

﹘ Elle m'avait dit que j'aurais deux jours ! Vous m'avez menti ! hurle-je avec un mélange de peur et de colère dans la voix.

Mon interlocuteur, un homme que j'ai vu pour la dernière fois assis à une table avec les quatre autres membres à la tête de notre société, lève les mains devant lui, un signe de coopérativité.

﹘ Je ne te veux aucun mal, je te le promets. Personne ne sait que je suis ici avec toi. Je... (il hésite) Je suis là pour te venir en aide.

﹘ Non. (Je recule d'un ou deux pas) C'est une ruse. Vous êtes là pour me torturer, vous voulez me voir céder.

﹘ Bien au contraire. Je veux te voir reprendre confiance, retrouver ta force. Je suis là pour t'apprendre. T'apprendre à utiliser tes dons.

Il me fixe, les mains toujours en l'air. Je sonde son regard, j'essaye de sentir ses émotions. La seule chose que je discerne est plutôt positive. J'ai l'impression que je peux lui faire confiance, mais j'ignore pourquoi.

﹘ C'est vous... C ?

﹘ Je m'appelle Caleb. Tu peux me faire confiance Athan.

﹘ Pourquoi ? Pourquoi devrais-je vous écouter et vous faire confiance ? Pourquoi trahiriez-vous les vôtres ?

﹘ Il y a quelques années maintenant, l'un de nos membres a pris sa retraite. Nous avons dû trouver un nouveau membre. Cela a été assez difficile, car nous ne trouvions pas une personne correspondante à ce que le Cénacle recherchait. Irène s'est alors présentée à nous, et... Elle nous a tout de suite paru parfaite pour ce rôle. Ce que j'ai découvert récemment, c'est qu'elle avait un don. Nous connaissions l'existence des Obliquatur bien sûr, la plupart des membres du Cénacle en sont, mais ils n'étaient pas encore recensés. Irène a un puissant don de persuasion. Très puissant et malgré nos esprits entraînés et forts, nous nous sommes fait berner. Tout le Conseil.

J'en reste pantois. Alors ce serait ça l'explication. Une femme possède un don de persuasion, infiltre la plus haute autorité de notre monde et chamboule toute la politique mise en place.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant