Chapitre 50 : Chris

1 1 0
                                    

Voilà ce que j'attendais. Après l'avoir reconnecté avec lui-même, c'est lui qui me ramène à la réalité. J'ignore combien de temps cela a pris, mais il m'est revenu.

﹘ Tu es... là, souffle-t-il avec une grande émotion dans la voix.

﹘ Oui.

Ma voix se brise également, j'ai de la peine à croire ce qu'il s'est passé dans cette pièce.

Nos yeux se croisent, vraiment cette fois-ci. Il est là, je le vois, je le sais. Les mots nous manquent à chacun. Même dans son regard je perçois sa fatigue, son désarroi. Étonnamment, je n'y constate pas de colère, malgré ce qu'il a subi.

﹘ Tu es là.

﹘ Oui. Tu pensais que j'allais te laisser faire joujou avec eux sans moi.

Oui ! Un sourire, petit, craintif, mais présent.

Je l'aide à se relever. Son visage se crispe, ses dents grincent, son corps souffre. Je défais ma veste de Sentinelle pour la poser sur les épaules en espérant que la technologie qu'il y a dedans agisse vite.

﹘ Comment ? me demande-t-il encore péniblement.

﹘ J'ai des yeux et des oreilles partout. Et puis, quand bien même je n'aurais pas eu de plan ou aucune fenêtre d'action, je serai intervenue. Un jour, tu as tout risqué pour me protéger de la menace. Aujourd'hui, c'était à mon tour d'en faire de même.

﹘ C'était facile pour moi. Allia... a succombé à mon charme.

﹘ Ah ! Je te retrouve bien là ! ris-je.

﹘ C'est vrai, je lui ai transmis la volonté d'aider. Enfin, je crois.

﹘ Oh bah mince alors ! Comment as-tu su pour ton pouvoir ?

﹘ Caleb.

﹘ Quoi !? Un membre du Cénacle t'a aidé à comprendre ton don alors qu'il savait que tu pourrais le retourner contre lui. J'y crois pas.

﹘ J'ai appris beaucoup de choses ici.

﹘ Comment ça fonctionne ? Qu'est ce que tu peux faire ?

Il y a bon nombre de questions que j'aurais dû poser avant. Pourquoi Caleb est-il venu en aide à Athan ? Pourquoi ne l'ont-ils pas tué ? (non pas que c'est ce que je voulais) Que lui veulent-ils exactement ? Et je me demande pourquoi Allia ne m'a rien dit ? Elle devait forcément savoir ce qu'il se passait. C'est décidé, je vais la tuer. Mais je veux savoir ce qui le concerne, et uniquement lui, ce qui le définit en quelque sorte.

Malgré les questions qui m'assaillent, j'écoute attentivement Athan. Il m'explique comment il s'est entraîné dans ses rêves avec Caleb, ce que ce dernier lui a expliqué à propos du Conseil, comment il arrive à capter précisément une sensation. Il m'explique même qu'il aurait pu me sentir venir à des kilomètres s'il avait été conscient. Il m'explique également comment il peut se servir de l'empathie comme d'une arme contre les autres mais pourquoi il y a renoncé au bout d'un moment.

Je ne sais pas si j'aurais pu autant résister à sa place. Dix-huit jours. Jours durant lesquels il était seul, torturé, souffrant, épuisé, sur les nerfs. Et pourtant, il a tenu bon, il n'a jamais cédé à Irène.

Quand je pense à cette vieille peau ! Quand papa m'a annoncé son arrivée au sein du Cénacle il y a plusieurs années, je l'ai déjà mal senti. Quand j'ai découvert la refonte des lois vis-à-vis des Amentis, j'ai failli péter un plomb. Mais là, quand j'apprends qu'elle a manipulé le gouvernement entier, certains conseillers et même la Garde, j'ai des envies de meurtres qui prennent racines.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant