Chapitre 48 : Athan

1 1 0
                                    

Recroquevillé dans un coin de ma cellule, la douleur n'en finit pas. La fatigue me submerge depuis des heures, sans que je ne puisse la satisfaire. Je n'ai aucune échappatoire.

Ces derniers jours ont été les pires de toute mon existence. Irène est revenue me voir, attendant une réponse qu'elle n'a, une nouvelle fois, pas appréciée. Les Obliquatur sont revenus me voir, dont le fameux Cédric, qui a été le premier et qui à son plus grand regret, n'était plus capable de venir farfouiller dans ma tête. Cela ne leur a pas plu. Moi, je me confrontais réellement à leur don, et je leur faisais face, je les repoussais. Plus en colère que jamais que j'aie réussi à contrôler mon don, non pas pour l'aider mais pour me rebeller, Irène m'a envoyé ses meilleurs éléments. Les uns après les autres, toujours plus puissants, ils ont réussi à me briser de nouveau, mes efforts, inefficaces.

Dans ma petite cellule, je les entends. Je les ressens. Je discerne de plus en plus clairement leurs sentiments. Je ne parviens plus à les contrôler ou les utiliser, mais je garde un lien avec mon don. Ce qui a été le plus facile à concevoir, c'est la joie que mes bourreaux ont lorsqu'ils me torturent. Je les voyais se délecter de ma souffrance, allant chaque fois un peu plus loin, creusant à vif. Ensuite, est venue la déception. De voir que je résistais. Mais celle-ci n'a pas duré longtemps, car c'était un merveilleux signal pour continuer leurs persécutions. Dès qu'un don était inefficace, ils passaient à un autre. Toujours de plus en plus puissants, ils se régalaient de ma peine.

Caleb a tenté à plusieurs reprises de me soutenir. Il s'est accroché avec moi les premiers temps dans mes rêves, mais cela n'a pas duré. Petit à petit, il n'a même plus eu l'occasion de me venir en aide, puisque j'ai essayé de me fermer de plus en plus à leurs attaques psychiques.

Des jours durant, j'ai essuyé leurs attaques. Des jours durant, les murs que j'étais parvenu à ériger se sont effondrés. Ils avaient alors le champ libre. Maintenant, ce qu'ils veulent, c'est me détruire. Détruire ce qui fait de moi ce que je suis. Annihiler mon passé, mes valeurs, ma vie. Ils veulent démanteler mon esprit pour le reforger à leur image.

Mon esprit divague sans cesse. Ma cellule immaculée ne laissant aucune place à l'imagination, il n'y a qu'une chose que je peux faire, penser à nos meilleurs moments, à ses rires, à son sourire. Un petit moment de bonheur dans cet enfer. Mais encore une fois, rien qui ne dure bien longtemps. Comme ils l'ont fait avec mes rêves, ils pénètrent désormais chacune de mes pensées, ne me laissant aucun répit. Il n'y a alors plus qu'une solution.

Je ne sais plus depuis combien de temps je suis enfermé ici, sans plus aucune échappatoire. J'ai perdu l'espoir de pouvoir m'évader. La seule pensée qui me maintienne en vie et qui m'empêche de devenir fou, c'est Chris. Peu importe ce qu'elle pense de moi, peu importe si elle m'a oublié, elle reste mon pilier, ma partenaire, et elle le restera jusqu'à ma mort.

Tout ce que je peux faire, c'est attendre, attendre mon prochain supplice. J'ai appris la teneur de chacun de leur don. De celui qui permet de contrôler l'esprit, à celui qui permet d'altérer la réalité. Mais le plus redoutable pour moi est le don d'un certain Jake. Ce qu'il appelle la réflexion psychique. Ce malade est capable de se connecter à sa victime et de lui faire ressentir le pire mal qu'il a vécu dans sa vie. Une torture digne de mes tortionnaires, mais ô combien douloureuse.

Mon existence n'ayant pas été de tout repos, il a beaucoup de matière sur laquelle travailler. La mort de mon père, celle de ma mère, la vision de Chris, battue par sa sœur. Jake en profite longuement. Et moi, je meurs à petit feu.

J'aurais aimé avoir une vie normale. Vivre il y a des siècles de cela. Ou vivre comme la plupart d'entre nous, passer le Test, travailler, trouver l'amour et vieillir. Mais le destin en a décidé autrement.

La fatigue me gagne, chaque minute un peu plus. Elle m'empêche de me concentrer. Elle crée une brèche dans mon armure, ou ce qu'il en reste. Je ne tiendrai pas très longtemps, j'en ai conscience. J'ignore depuis combien de temps je suis ici, des jours, des semaines. Leur tactique est efficace, puisqu'elle m'atteint. Mais je dois me battre, jusqu'à la dernière minute, la dernière seconde. Il est simplement impossible qu'ils mettent la main sur mon don. Quelles qu'en soient les conséquences.

Obliquatur (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant