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Filyn

24 ans, Santa Cruz

Une nouvelle journée qui s'entame dans le plus grand des silences, est forcément synonyme de beaucoup de rebondissements durant celle-ci. 
C'est ma devise.

Et elle peut aussi bien débuter sur la banquette arrière d'une voiture un lendemain de soirée, que sur le canapé de l'unique personne dont vous soyez tombé amoureux.

Le dos de ma main posé sur mes yeux, en tant que seul rempart entre ma rétine et les rayons de soleil qui passent à travers la fenêtre m'ennuie.

Mais il ne m'est pas suffisant pour m'empêcher de contempler le corps d'Aléan complètement dévêtu qui traverse le couloir comme s'il était seul au monde.

Il entre dans une pièce qui me semble être la salle de bain, avant de commencer à faire couler l'eau par réflexe, sans refermer la porte derrière lui.

Le matin, il a toujours été une larve qui marche à deux mille à l'heure, agissant uniquement par monotonie. Le temps que son cerveau se contorsionne pour se rappeler du contexte environnant, il a déjà enchaîné de multiples gaffes.

-Je suppose que t'as oublié ma présence, déclarai-je toujours couché sur son canapé.

Les murs tremblent quelques peu tandis que j'entends soudainement l'eau cesser de s'échouer au fond du lavabo, ce qui me fait sourire de malice à l'idée qu'il soit rouge de honte derrière ce mur beige titanium.

-Sans vouloir t'offenser, déclare-t-il assez fort, un peu oui.

Un sourire stupide collé aux lèvres, je me rince le visage à l'eau froide dans la cuisine avant de m'attabler sans cesser de m'imaginer toutes les réactions possibles qu'il a pu avoir.

Avec le temps, ses épaules se sont encore élargies, et peut-être qu'elles lui ont servi à s'effondrer contre le mur sous le coup de la réalisation.

Ou peut-être qu'il s'est mordu la langue en se brossant les dents, dès l'instant ou il a entendu ma merveilleuse voix.

Je me demande encore pourquoi cet idiot a vendu la maison dans laquelle tant d'évènements nous sont arrivés, mais j'ai toujours offert plus d'affection aux choses matérielles que lui après tout, alors ça ne devait pas être si compliqué pour lui d'abandonner le lieux le plus important de notre enfance.

Je pensais pouvoir observer les vieux cadres de famille en rentrant... mais ce que je regrette le plus, c'est de ne pas pouvoir remettre les pieds dans ma chambre, et m'allonger dans mon lit pour me souvenir des premiers frissons qu'Aléan m'a offert rien qu'en me regardant profondément au beau milieu de la nuit.

-Tu rêvasses ? Me demande celui-ci en sortant de la salle de bain.

-De toi.

-Tant mieux, affirme-t-il, parce que tu ne risques pas de me revoir à poil avant que mon corps ne soit envoyé à une chambre mortuaire.

Il s'installe convenablement face à moi, et commence à éplucher son orange sans me lâcher du regard.

-Je me souviens encore de l'époque ou tu pouvais à peine fermer une porte sans crever d'anxiété, soufflai-je, et combien je me retenais de ne pas succomber à tes macabres tentatives de séductions à travers l'embrasure de la porte. Ne crois pas qu'entre cette période, et aujourd'hui, j'ai perdu ma détermination Ley.

Ses joues s'enflamment instantanément, et dans le feu de l'action, je connais suffisamment Aléan pour savoir qu'il se retient de m'insulter de tous les noms. 

Sharpened sensesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant