Filyn
17 ans, Santa Cruz
La chaleur de la nuit m'étouffait malgré la fenêtre grande ouverte de ma chambre qui permettait à l'air de planer. Les rideaux blancs virevoltaient par-dessus mon visage et me berçaient lentement, bien que je manquais d'une chaleur particulière.
La chaleur de son corps.
Il devait être dans les environs de vingt-trois heures, pourtant la fatigue était à la fois un supplice et un réconfort. Je luttais pour rester éveillé, dans l'espoir qu'il finisse par me rejoindre avant que je ne m'assoupisse. Seulement, je me lassais d'observer seul les étoiles à travers ma fenêtre, qui illuminaient le ciel d'une multitude de constellations, et je rêvais de pouvoir les redessiner par de simples caresses sur son dos, alors qu'il s'endormirait sur moi.
La totalité de la maison était plongée dans l'obscurité depuis un certain moment, personne ne pouvait nous surprendre dans le même lit, pourtant Aléan ne venait pas.
Adossé contre le mur de ma chambre, l'espace me semblait si vide, désertique, froid, et sans lueur apparente hormis les scintillements extérieurs.
—Ley, susurrai-je contre la paroi du mur qui nous séparait, en toquant fébrilement contre celui-ci.
M'observait-il ? Seul dans mon lit, je me demandais si les yeux d'Aléan s'égaraient souvent dans ma direction, à travers les composants du mur. S'il m'observait lorsque je n'y pensais pas. De quelle façon me percevait-il à travers cette matière, s'il me regardait souvent, et... s'il me prenait l'envie de faire quelque chose de déplacé, qu'en penserait-il ? Sa présence à mes côtés m'était tellement nécessaire que je la désirais même maintenant. Je voulais que la chaleur qui se dégageait de son corps m'enveloppe durant le restant de la nuit.
Alors je patientais, longuement, jusqu'à ce que des ombres altèrent les couleurs de mon parquet, sous la porte. Aléan ne toqua pas, et s'immisça rapidement dans ma chambre, avant d'appuyer son dos par soulagement contre le mur.
—Ton père est une plaie, avoua-t-il. Sache qu'il n'est pas prêt d'aller dormir, et qu'à tout moment il peut débarquer.
Ses lèvres se mouvaient, mais je ne prêtais pas attention au contenu de ses paroles, envoûté par sa beauté. J'appréciais les couleurs chaudes de sa peau, malgré les rayons lumineux et froids de la lune qui flambaient sur son corps, ainsi que la lueur émeraude de ses yeux qui brillait plus que toutes les étoiles réunies. Amusé face à son essoufflement, je tentais de ne pas monter que son regard espiègle et insaisissable me déstabilisait.
—Viens-là.
Il hésitait, observant simultanément la porte et mon corps adossé au mur, avant d'ôter son haut pour me rejoindre sur le lit. Le réconfort de sentir sa peau contre la mienne secouait mon corps d'un milliard de sensations différentes. Je pouvais sentir ma poitrine battre passionnément sous son poids, alors qu'il s'installait sur mes cuisses dévêtues.
L'odeur divine qui se dégageait de ses cheveux fraîchement lavés me rendait dingue, alors mes doigts glissaient entre ses mèches brunes, sans jamais se rassasier de leur douceur aliénante.
Son nez frôlait mes joues d'une lenteur exquise et n'aspirait qu'à s'imprégner de mon odeur corporelle, tandis que ses doigts redécouvraient le reste de mon corps en caressant mon dos par-dessus mon teeshirt blanc, jusqu'à l'élastique de mon caleçon.
—Tu m'as manqué, souffla-t-il contre ma tempe, souriant.
Assis à califourchon sur mon bassin, il se laissait guider par ses propres désirs, et mouvait lentement, délicieusement, ses hanches contre moi, afin de stimuler le plaisir grâce à la légère friction qui s'en résultait.

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Sharpened senses
RomancePour Filyn et Aléan, grandir sous le même toit depuis leurs dix ans n'a rien d'une épreuve. Dans une maison où les murs résonnent des cris de parents abjects et où l'angoisse étouffe leurs rêves, leur amitié se tisse au gré des secrets et des douleu...