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Pour ceux qui n'auraient pas reçu la notif, le chapitre 39 est disponible avant de lire le 40 ⤴️












Filyn

21 ans, Santa Cruz.

    Je regrettais amèrement de l'avoir laissé tomber, surtout ce soir-là, mais c'était fait, et je n'avais pas le pouvoir de revenir en arrière, donc il ne me restait plus qu'à assumer mes actes, m'excuser et espérer qu'il me pardonne. Après tout c'était Aléan, et j'étais persuadé qu'il serait prêt à me pardonner l'impardonnable.

Je ne pouvais pas lui expliquer que ma mère tombait doucement en dépression ces derniers temps, et que je devais passer mes journées à lui tenir compagnie, parce que je craignais sa réaction. J'avais peur qu'il ne se relève pas de la dégradation de la santé de son unique figure parentale. Alors, le mariage des parents de Laure, et la guitare n'étaient que des excuses pour ne pas qu'il se questionne sur mon absence. À la place, j'étais resté au chevet de ma mère jusqu'à ce qu'elle s'endorme, avant de récupérer mon téléphone.

J'avais donc vu, et répondu tardivement aux messages d'Aléan, ne sachant quoi dire pour le rassurer et l'empêcher d'agir sous l'impulsion, mais je n'aurais jamais douté de lui.

    — Je parie que tu cherches Aléan, supposa un étudiant en m'apercevant tourner en rond dans le salon de la maison.

    J'acquiesçai sans vraiment lui porter attention.

    — Il était à l'étage la dernière fois que je l'ai vu, m'indiqua-t-il, tandis que je me précipitais vers les escaliers. Chambre du fond.

    Je n'aurais jamais douté de lui.
Alors pourquoi en ouvrant la porte de cette foutue chambre, mon épaule s'était littéralement effondrée contre le cadran de bois ?

    Parce qu'Aléan était torse nu et allongé sur les cuisses d'un inconnu. Parce qu'il le laissait lui embrasser le cou, parce qu'il le laissait lui caresser le dos, et parce que j'étais simplement trop faible pour supporter une peine de cœur si douloureuse.

    Bien que son corps rigide était comprimé sous le poids de l'inconnu, et que je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il ne ressentait pas tant de plaisir que ça, mon cœur venait littéralement de se briser.

    Ses paupières étaient tellement crispées, que j'avais l'impression qu'il souffrant autant, voire plus que moi en cet instant, même si c'était impossible. Car mon corps entier souffrait le martyre, autant mes mains moites, que mon cœur meurtri.

    Ce n'était même plus la rage qui me consumait, c'était la déception. La déception de voir Aléan, mon Aléan, me trahir sous mes yeux.

    La respiration perturbée, j'avais l'impression d'étouffer sans vraiment savoir quoi faire pour libérer ma trachée du flot de larme qui semblaient s'y loger.

    J'avais tout fait de travers.
    Absolument tout.
    Et mes actions n'étaient pas sans conséquence, j'en payais les frais.

Aléan s'écarta brusquement se l'emprise d'un blond, afin de cracher du sang, et s'essuyer la bouche d'un air écœuré. En tentant d'étouffer un sanglot, je compressai ma main sur mes lèvres, mais un hoquet de douleur m'échappa et ils détournèrent simultanément le regard dans ma direction.

    — Tu cherches quelque chose ? Demanda le blond, à moitié penché sur Aléan, que je craignais de reconnaître.

    Le culot dont cet homme faisait preuve me clouait sur place, et ravivait une haine que j'avais profondément enfouie depuis une décennie.

Sharpened sensesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant