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Clin d'œil aux lecteurs de Lion, les fêtes de fin d'années chez la famille, ça n'annonce rien de bon, pas vrai ? 🧑🏻‍🦯🧑🏻‍🦯
Je prends la fuite dès à présent









Filyn

16 ans, Santa Cruz

Mes doigts s'esquintaient sur les cordes de ma guitare, mais je refusais de m'arrêter tant que je ne jouais pas ce morceau à la perfection. Un des plus gros inconvénients à être perfectionniste, c'était de vouloir acquérir le summum du talent en tout domaine. Alors dans ma tête s'engendrait une lutte impétueuse entre le désir de réussir, et celui de m'arrêter avant d'être déçu de ne pas y être parvenu.

—Chéri ? Déclara ma mère d'un ton attendrissant en toquant à ma porte.

Je me relevai à contrecœur, en déposant ma guitare sur mon lit pour lui ouvrir la porte.

—Ça va, chéri ?

Ma mère s'inquiétait constamment pour pas grand chose, et venait me voir pour entretenir un lien familial. Elle me parlait durant des heures de tout et de rien. De la vitesse à laquelle je grandissais, de mon avenir, des cours, d'Aléan, d'Aléan, et si je ne l'avais pas mentionné avant... elle me parlait d'Aléan.

En général, j'adorais l'écouter parler de la fierté qu'elle ressentait en nous voyant grandir côte à côte, et de l'amour inconditionnel qu'elle nous portait à chacun, en dépit des évènements du passé qui persistaient à creuser une distance entre nous.

Sauf que dernièrement, je me sentais mal à l'aise d'entendre combien Aléan était "le frère qu'elle aurait aimé m'offrir." Je ne voulais plus rien avoir à faire avec l'attribut "fraternel" dans une phrase qui incluait Aléan.

—T'apprends un nouveau morceau ? S'intéressa-t-elle en jetant un coup d'œil à ma guitare.

Je hochai la tête en guise de réponse, en me rapprochant d'elle. Le morceau était chaotique. Les frottements sur le manche étaient éprouvants à réaliser, et la concentration était indispensable.

Pourtant je voulais parvenir à le jouer, pour lui.

—T'as encore grandi.

Sa main effleurait mes mèches blondes qui rebiquaient au niveau de mes oreilles, tandis que ses yeux se relevaient face aux miens et me plongeaient face à mon propre reflet.

J'aimais ma mère, de tout mon cœur. Alors savoir qu'elle gardait en elle une multitude de regrets et de secrets me faisait mal.

Je pris sa main frêle dans la mienne, pour l'accoler a ma joue en fermant tendrement les yeux. Sa chaleur comprimait ma poitrine d'une sensation agréable. La chaleur de ma maman.

Lorsqu'elle me donnait de l'attention, je voulais juste redevenir l'enfant qui dormait sur ses genoux à longueur de journée, et me morfondre dans sa chaleur.

—Je t'aime tellement, balbutia-t-elle, des larmes perlant aux coins de ses yeux gris.

J'avais peur qu'un jour elle m'abandonne, en réalisant qu'elle aurait plus à perdre à rester ici auprès de mon géniteur, que de refaire sa vie loin de toute cette merde. Alors je pointais mon cœur à l'aide de mon index, et signais « je t'aime », pour lui rappeler qu'elle était mon pilier entre ces murs, tout autant qu'Aléan.

En parlant de lui, il toquait à ma porte déjà entrouverte, sans vouloir interrompre notre échange.

—Entre Aléan, lui indiqua ma mère en tapotant la place de libre à sa droite sur mon lit, tandis que j'occupais celle de gauche.

Sharpened sensesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant