Sharpened senses

Épilogue

Lisez bien le dernier chapitre avant l'épilogue⤴️

Aléan

25 ans, Santa Cruz.

On y est.
Ma saison préférée est de retour.
Celle où le soleil nous enveloppe au maximum de sa chaleur, où les sourires ne peuvent s'estomper, et où le sable chaud nous accueille à bras ouverts.

La nuit est tombée depuis une bonne heure, mais l'ardeur des rayons de soleil réside encore dans l'air environnant. C'est agréable d'observer les vagues aller et venir, avec pour seule nécessité d'effacer chaque trace de pas qui s'est formée à la frontière de l'eau, sur du sable humide.

Le silence me fait frissonner, mais actuellement, les rires qui résonnent dans mon dos ne me font pas de mal. Je ferme mes paupières pour apprécier l'instant de bonheur qui se déroule aveuglément autour de moi, et je devine Siham, qui sourit à s'en perforer les joues, en observant Caleb courir derrière son fils.

Il a presque un an, une santé d'enfer, des parents incroyables, et un parrain qui l'est tout autant.

Je sais que ce n'est pas la vie à laquelle s'attendait Caleb, et qu'il y a quelques années, il se serait imaginé lui, père de cet enfant, à la place du mari de Siham. Cependant, il a fini par accepter la fatalité, et s'est lié d'amitié avec le petit, au point de ne plus parvenir à le lâcher d'une semelle, et d'accepter le titre de parrain que Siham tenait tant à lui offrir.

La vie a décidé de leur ôter la possibilité d'être parent, et leur a de nouveau offert cette occasion, d'une manière différente.

Il n'y a pas toujours d'explication au malheur, on le subit et c'est tout. Cela dit, je pense que si le bonheur apparaît de nouveau, alors cette fois, c'est qu'une justification se cache derrière, soit on a pris soi-même la décision de l'atteindre, soit il est venu à nous de lui-même, parce qu'on le méritait.

— Écoute petit, je n'ai plus assez d'endurance pour ce genre de choses, s'exclame Caleb, les mains appuyées sur les genoux. Arrête-toi, et je te donnerai toutes mes techniques de drague.

Je soupire d'amusement en même temps que Siham, qui continue à l'observer de loin.

— Le seul problème, c'est que t'as repris du physique pas très avantageux de ton père, ajoute-t-il à voix basse, mais on va tout miser sur l'humour.

J'éclate de rire face à son toupet, et pose ma main sur l'épaule du mari de Siham, afin de lui faire comprendre qu'il devra s'habituer à la personnalité bancale de Caleb, s'il souhaite rester en vie.

Siham continue de sourire, elle semble satisfaite par sa situation actuelle, et à la fois empreinte de nostalgie face au regret d'une vie qu'elle aurait pu avoir.

Son regard ne ment pas, j'avais le même lorsque j'observais la mer se mouvoir, alors que Filyn ne faisait plus partie de ma vie.

En parlant de lui, il daigne enfin nous gratifier de sa présence. Je le contemple marcher dans notre direction, ses chaussures dans une main, et ses dossiers de travail dans l'autre.

Il a obtenu un job, et même si ses horaires de boulot ne coïncident pas toujours avec les miens, au moins, son salaire accumulé au mien nous a permis d'assurer le loyer de l'appartement cette dernière année. On a évoqué l'idée de racheter notre maison d'enfance, un jour où l'on gagnera suffisamment d'argent pour nous le permettre. En attendant, mon petit appartement en centre-ville nous suffit, du moment qu'il nous concède la possibilité de vivre ensemble.

Filyn laisse tomber ses affaires dans le sable, et s'accroupît face à moi pour déposer délicatement ses lèvres sur mon front. Puis il reste statique de longues secondes, sans que je ne sois capable de détourner le regard. Peut-être que si je m'obligeais à l'observer sans arrêt, je m'en lasserais à un moment donné.