Pour Filyn et Aléan, grandir sous le même toit depuis leurs dix ans n'a rien d'une épreuve. Dans une maison où les murs résonnent des cris de parents abjects et où l'angoisse étouffe leurs rêves, leur amitié se tisse au gré des secrets et des douleu...
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Aléan
24 ans, Santa Cruz
Seuls de légers détails insignifiants me perturbent encore en plein milieu de ma conversation avec Filyn. Allias, les petits clignotements rouges en provenance d'une voiture garée à une centaine de mètres de nous.
-Pourquoi t'es parti Fil ? Demandai-je à nouveau, la gorge nouée.
Ses yeux me fuient, comme à son habitude il tourne la tête dans une direction qui m'est inaccessible, afin que je ne puisse le cerner.
-Réponds-moi, je t'en supplie.
Son toucher se fait de plus en plus agréable contre ma lèvre, si bien que je lutte pour ne pas perdre le cours de la conversation. Sans oser croiser mon regard, il s'approche de moi à pas de loup, avant d'enfouir son visage dans mon cou tout en enlaçant mon dos nu de ses bras épais et chauds. Particulièrement chauds.
Même si je le désirais du plus profond de mon âme, je serais incapable de le repousser, alors j'endure la douleur et l'attirance qui s'entremêlent afin de nous garder unis l'un contre l'autre.
-Filyn...soufflai-je contre sa peau tout en inhumant mes doigts dans ses cheveux blonds parfaitement taillés.
L'élément qui attise particulièrement mon attention, c'est l'humidité qui s'écoule le long de mon dos, comme si la raison de son départ était si douloureuse qu'il ne pouvait pas même m'en parler à moi sans en pleurer. Mon corps est consumé par le poids du sien, englouti sous son emprise dominante et son aura mentholée qui me contraint de rester muet, debout, à le consoler.
-Je te connais par cœur putain, m'exaspérai-je la voix brisée, ça me fait trop mal que tu veuilles pas te confier à moi.
Sans me laisser le temps de l'accabler davantage, il m'entraîne avec lui contre le sable, lorsque ses genoux flanchent à cause de son insuffisance respiratoire.
-Moi ! M'écriai-je la voix toujours tremblante. Sérieux Filyn, on a grandi en se racontant tout ce qui pouvait nous traverser l'esprit.
Filyn a toujours été une personne rapidement déstabilisée par les événements, qui panique et se sent oppressée par la situation environnante. Alors nous nous retrouvons agenouillés dans le sable, tandis qu'il tente de retrouver un brin de lucidité au milieu du chaos qui s'accumule dans sa tête, lorsqu'une nouvelle crise d'angoisse lui arrime le corps.
-Respire...
-Ne m'en veux pas d'avoir essayé de te préserver, avoue-t-il à bout de souffle contre ma joue, sa tête toujours abattue contre mon cou.
-Mais me préserver de quoi putain ?
Je sens ses lèvres charnues effleurer la peau de mon cou dans un élan de désespoir partagé, ce qui pousse ma tête à basculer par automatisme en arrière sous l'ampleur de son simple contact. Il ne relève toujours pas son crâne lorsqu'il empoigne ma main, afin de la guider lentement sous son haut.
