𝟎𝟐.

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Un choc glacial me réveille en sursaut, me faisant brutalement ouvrir les yeux.

Étonnement, aucune lumière ne vient m'agresser les pupilles. Mais en découvrant ce qui se trouve face à moi, j'en viens à le regretter.

Trois silhouettes sont dressées hostilement devant moi, me dominant de leur hauteur, tous arborant une expression différente.

Leur regard me brûle l'échine. Je peux les sentir me scruter comme s'ils s'enfonçaient dans ma chair, et je suis tentée de leur renvoyer leur œillade insistante, mais je n'en fais rien, trop assommée pour endurer d'autres violences.

Instinctivement, j'essaie de bouger, d'étirer mes membres, mais je découvre avec horreur que mes mouvements sont limités, restreints à l'aide d'une corde étonnamment épaisse. Mes poignets et mes mollets sont solidement attachés à ce que je suppose être une chaise, et plus je tente de me défaire, plus je me brûle la peau.

Pitié, ne me dites-pas que je retourne à la case départ, prié-je intérieurement en refermant les paupières. Faîtes que Tante Moira ne se soit pas multipliée durant la nuit.

Mes muscles se tendent sous la pression qu'exerce la corde sur ma peau, cisaillant mes blessures toujours fraîches, et la panique commence à me tirailler. Ma respiration se fait lourde et bruyante, et lentement, mes paupières s'ouvrent à nouveau, analysant avec appréhension la pièce sombre et humide qui me retient prisonnière.

Cependant, j'ai beau scruter chaque recoin de l'endroit où je me trouve, aucun souvenir de m'être retrouvée ici ne me revient.

Tu devrais arrêter de te débattre, tu vas te blesser encore plus, résonne une voix féminine dans l'ombre.

Sceptique, je fronce les sourcils, essayant d'habituer ma vue à la noirceur de la pièce, mais elle me facilite la tâche et s'avance davantage.

—Qu'est-ce que je fais ici ?! articulé-je difficilement en vacillant légèrement.

Ma voix est rauque, comme si je n'avais pas usé de la parole depuis près d'un siècle, et ma gorge est si sèche que j'ai l'impression de me décomposer sur place.

Pour seule réponse, les deux autres silhouettes s'avancent à leur tour.

—Nous t'avons sauvé, rétorque une voix grave qui appartient au plus grand des trois.

Son ton est presque solennel, mais la distance qu'il instaure dans le ton de sa voix me laisse sous-entendre qu'il le regrette presque.

Discrètement, j'essaie de limer la corde avec mes ongles derrière mon dos, mais mes mouvements se font remarquer, mes épaules bougeant lorsque je tente d'étirer mes mains, ce qui me vaut une œillade sceptique de la part de la femme, dont le visage m'est toujours invisible, trop éloigné du mien.

—Vous m'avez sauvé mais je suis solidement attachée à une chaise, les membres liés, dans une pièce sombre et humide. D'après mes connaissances, cela ressemble à un kidnapping, souligné-je en tentant de ne pas afficher la panique qui me cisaille les entrailles.

Je reste droite, résistant à l'envie de hurler à la mort tant les brûlures de mes blessures me sont douloureuses, et tente vainement de dévisager les trois visages inconnus qui me scrutent avec attention.

Tu devrais faire attention, le chef ne supporte pas trop le sarcasme, m'informe le rouquin en indiquant l'homme à ses côtés. Le plus grand des trois, mais également le plus épais.

Un coup de poing de sa part suffirait à me faire dormir immédiatement, vampire ou non.

J'acquiesce alors, choisissant de ne pas répliquer, et m'adresse sagement à la femme, la suppliant presque du regard.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant