𝟎𝟒.

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Les deux hommes qui sont montés sur le ring s'élancent vers Elijah, qui, d'une seule main, les maîtrise un à un.

L'atmosphère est étrange, elle est étouffante, mais elle ne semble étouffer que moi.

Les autres s'exclament lorsque le sang jaillit, ils sourient en regardant leur chef ôter la vie. Il respirent le triomphe et la fierté. Mais tout ce que je sens, moi, c'est du sang.

Mon regard dérive vers Noah, à mes côtés, qui semble déborder d'enthousiasme. Ses traits sont adoucis, comme si elle semblait soulagée. Mais l'homme à sa droite, Azael, n'a pas l'air soumis aux mêmes émotions.

Sa mâchoire est si contractée que son muscle tressaute. Ses poings sont serrés sur ses genoux, ses jointures blanchissant à vue d'oeil tandis que son regard ne vacille pas d'une seconde de la scène qui se déroule en face de lui. Qui se déroule en face de nous tous.

Elijah, tient, de sa main ensanglantée, les deux têtes de ceux qui avaient osé l'affronter. Leurs yeux sont ouverts, nous scrutant hostilement alors que leurs corps jonchent le tatamis du ring.

Le silence pèse sur l'entièreté de la salle, attendant patiemment le verdict ou les ordres de l'homme qui se dresse en face de nous tous, l'allure imposante et l'aura menaçante.

Silence auquel je ne participe pas, la faim tiraillant mon ventre tandis que l'odeur du sang ne cesse d'emplir mes narines. Je me fais violence pour ne pas me jeter sur le ring et dévorer ce qu'il reste des traîtres à la tête arrachée.

—J'ai faim, grogné-je près de Noah et Azael, tenant douloureusement mon ventre tant l'impression d'exploser parcoure mes organes.

Mes iris me brûlent, et ce n'est que lorsque je leur adresse une oeillade furieuse qu'ils semblent prendre ma plainte au sérieux, se levant discrètement de leur place afin de me traîner hors de cette salle.

Nous nous faufilons entre les vampires sans que je ne puisse entendre les dernières paroles de leur chef, pressée de sortir d'ici. De dos, je peux sentir un regard me brûler la nuque, mais je n'y prête pas attention, trop faible pour retourner sur mes pas.

Ma lutte s'achève lorsque nous nous retrouvons au beau milieu du couloir, mais je m'arrête un instant devant une porte quelconque, essoufflée. Mes canines sont si douloureuses que j'ai l'impression qu'elles s'enfoncent à l'intérieur de mes gencives, un goût métallique se répandant au fond de ma bouche.

Voilà ce qu'on va faire, commence Azael d'un ton grave en me scrutant attentivement, tu vas nous attendre sagement dans ta chambre, sans ouvrir à qui que ce soit. Noah et moi allons piocher un humain asservi dans la réserve, et nous serons de retour dans quelques minutes.

J'hoche frénétiquement la tête, avant de laisser échapper un gémissement de douleur. Mon crâne semble si lourd que je ne suis pas certaine de pouvoir le supporter longtemps.

Je vais te guider jusqu'à ta chambre, poursuit Noah en m'accompagnant jusqu'au bout du couloir, une main chaleureuse maintenant mon dos, prête à me rattraper en cas de chute.

Rapidement, j'ouvre la porte de ma chambre et m'y engouffre sans lui jeter un regard, refermant automatiquement derrière moi, avant de me jeter sur mon lit, les paupières lourdes.

À cet instant, tout semble plus intense. Mais pas seulement la faim. Toutes mes émotions sont intensifiées, et même celles qui ne m'appartiennent pas. Mes souvenirs se multiplient. Mais ces souvenirs ne sont pas miens, j'en suis persuadée. Je ferme les yeux, priant pour que cette horrible sensation ne s'efface, mais tout ce que j'aperçois, c'est de la neige. Beaucoup de neige, et une odeur particulière, une odeur enivrante, saisissante, qui vous prend à la gorge et vous donne envie de l'arracher.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant