𝟏𝟐.

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***

De mes poings, je percute le tronc de l'arbre, encore et encore. Et ce, depuis quelques heures déjà. Je n'ai pas de protection, mes phalanges s'entrechoquant entre elles alors que je serre les mâchoires, luttant pour ne laisser transparaître aucun signe de douleur face à la mine intransigeante d'Elijah, qui m'observe depuis des heures, les bras croisés, le regard brûlant.

Je ne fais pas attention à ses traits indifférents, ses iris qui suivent le moindre de mes mouvements, s'attendant probablement à ce que j'abandonne et laisse retomber mes poings le long de mon corps, et au contraire je redouble de puissance, comme pour lui montrer que je ne cèderai pas.

Bien que je ne comprenne pas l'utilité de cet échauffement, je continue à saigner mes poings. Aussi abondamment que possible, dans l'espoir que l'odeur de mon sang finisse par le dégoûter.

—Arrête. Laisse tes phalanges cicatriser, annonce-t-il sèchement après quelques minutes de rude échauffement, me faisant soupirer de soulagement.

Sans attendre une seconde de plus, j'éloigne mes poings de l'arbre, et observe mes mains désossées se reconstituer sous mes yeux.

Je n'ai jamais guéri aussi vite.

En quelques secondes seulement, elles reprennent leur apparence initiale, laissant le sang sécher sur mes jointures.

Elijah ne fait aucun commentaire, et, pour la première fois depuis mon réveil, j'apprécie enfin le silence de la forêt qui nous entoure, les arbres surplombant presque le ciel, et le soleil se levant à peine.

J'ignore toujours pourquoi nous ne nous sommes pas contentés de la salle d'entraînement, au lieu de subir le froid glacial qui souffle en dehors de la Base, mais ne pose aucune question, les lèvres scellées depuis le début de l'échauffement, m'étant fait la promesse de ne les ouvrir sous aucun prétexte. Aucune question, aucun râle de douleur. Rien.

Il est prêt à sacrifier Noah.

Et malgré toutes mes protestations, mes questions, et même mes coups, il s'est contenté de rester silencieux. Alors désormais, le silence plane entre nous.

Je ne veux pas lui parler. Et, même si ma tête s'emplit d'interrogations, je me ferai violence pour les contenir.

Maintenant, tu vas courir, tonne sa voix impitoyable, fixant un point au loin avant de me l'indiquer. Je veux que tu ailles jusque là-bas, en 5 secondes, pour commencer.

Il ne me laisse pas le temps de souffler, peu enjouée à l'idée de vider mes poumons, et rajoute en me dévisageant froidement :

Si tu es véritablement une nomade, tu devrais être capable de l'atteindre en quelques nanosecondes seulement.

Je suis tentée de le fusiller du regard, mais je m'abstiens à la dernière minute et garde la tête droite, fixant le point en question devant moi. Celui-ci est minuscule, d'une couleur grisâtre qui me permet de le différencier des arbres autour, mais je doute être capable de l'atteindre en si peu de temps.

Contrairement aux autres vampires qui constituent l'organisation et utilisent leur vitesse comme bon leur semble, il est rare que j'ai recours à la mienne. Et lorsque cela se produit, je me retrouve instantanément vidée de mon énergie.

Mais Elijah ne semble pas s'en soucier, et au contraire, s'adosse à l'arbre derrière moi, les bras toujours croisés sur son torse, avant de m'ordonner :

Maintenant.

Les pieds enfoncés dans la terre, je démarre instantanément, usant de toute la puissance qui parcoure mes membres, et élance l'avant de mon corps afin d'augmenter ma vitesse.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant