𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.

𝟎𝟓.

—Tu dois te concentrer sur les épaules de l'adversaire Esme, elles t'indiqueront dans quelle direction tu recevras le coup, m'indique Noah avant de me tendre une bouteille remplie de sang.

Je m'empresse de porter la bouteille à ma bouche et savoure le goût du sang frais coulant le long de ma gorge, ravivant mes forces qui commençaient à se dissiper.

Cela doit bien faire trois heures que nous sommes au beau milieu de la forêt, et que nous nous battons d'un rythme effréné.

Le soleil se lève à peine, et je ne parviens pas à compter le nombre de fois où j'ai fini au sol, Noah bloquant mes membres, un pieu en bois prêt à me transpercer la poitrine.

Sa vitesse est flagrante, et ses mouvements sont si bien calculés que je suis incapable de prévoir ses prochains coups, ce qui aurait fait de moi un vampire misérable si elle n'avait pas choisi de m'aider à développer mes techniques de combat.

—On reprend ! annonce-t-elle en me prenant la bouteille des mains, la jetant près d'un arbre avant de s'emparer d'un autre pieu qu'elle me lance.

Je me place alors en position de combat, serrant le pieu dans ma main, et m'élance vers elle en lui envoyant un coup dans le ventre. Elle le reçoit mais ne bronche pas, m'observant faire sans se défaire de ma prise.

D'une main, j'attrape sa nuque, et de l'autre, je brandis mon pieu vers sa poitrine, m'arrêtant juste avant de rencontrer son coeur.

Légèrement fière, je me recule, un rictus satisfait accroché aux lèvres, et attend impatiemment son verdict. Bien que je doute avoir été très efficace, mes mouvements gagnent en fluidité et rapidité.

—Tu as loupé mon coeur, indique-t-elle en pointant du doigt l'endroit où j'étais prête à la poignarder, tu m'aurais fait très mal, mais tu ne m'aurais pas tué. Tu es devenue plus rapide mais tu manques cruellement de précision.

À l'entente de ses paroles, je ne peux empêcher un soupir d'échapper mes lèvres, et me positionne à nouveau.

Je tente la même approche, mais cette fois-ci elle décide de contrer mes attaques, et me renvoie un coup dans l'estomac qui me fait grogner de douleur, vite suivi d'un puissant coup de talon dans les genoux, qui m'amène brusquement au sol, mon visage plaqué contre les feuilles qui recouvre la terre.

Je me relève instantanément, ne me laissant pas abattre, et évite son crochet de justesse, sans voir son autre main, qui s'arrête juste devant mon coeur, la pointe du pieu piquant légèrement ma chair.

Mon souffle se coupe l'espace de quelques secondes, et je dégage son pieu de ma vision, me redressant avant d'attacher mes cheveux, déterminée à mordre la poussière une nouvelle fois.

Quelques heures s'écoulent ainsi, où je pense avoir des chances de la mettre au sol, mais où mes espoirs se font lamentablement écraser par la force de ses poings et de ses talons.

Et au bout d'une vingtième lutte acharnée, la mine toujours impassible, Noah décide que l'entraînement est terminé, chose qui me soulage et m'irrite à la fois.

—Ne sois pas si remontée, tu as fait des progrès considérables depuis ce matin ! tente-t-elle de me rassurer tandis que nous arpentons les arbres de la forêt, évitant les branches crochues et les restes d'animaux.

Silencieuse, j'hoche la tête, un simple sourire décorant mon visage rougit par l'entraînement.

—Tu es enfin apte à partir en éclairage. Ou à la chasse, selon ce que choisit Elijah. J'espère qu'il ne se montrera pas trop dur envers toi, continue-t-elle sans que je ne comprenne ses insinuations.