𝟎𝟔.

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***

Cette fois-ci, c'est Azael qui suit mes pas précipités.

Après s'être débarrassés du cadavre humain, c'est avec appréhension que nous nous dirigeons vers la salle principale, où les acclamations et les cris déchaînés sont déjà audibles et se répandent bruyamment dans le couloir, créant en moi un affreux pressentiment.

Azael semble lui aussi alerté par les ordres du garde, les mâchoires serrées alors qu'il arpente le couloir à mes côtés, ce qui ne me rassure pas le moins du monde.

Au contraire, tous mes muscles s'engourdissent, rendant ma respiration d'autant plus saccadée alors que mon instinct me souffle de fuir.

Prends la passerelle, assomme les gardes et cours vers la forêt.

Mais, alors que mon cerveau s'imagine déjà tous les scénarios possibles et inimaginables, lorsque mes jambes s'arrêtent devant la salle, et que mes yeux se posent sur le ring, c'est tout mon corps qui cesse de fonctionner.

L'atmosphère se raréfie petit à petit, à mesure que les cris d'excitation ou les insultes du public ne résonnent à l'intérieur de mon crâne, me faisant légèrement perdre équilibre.

Je dois rêver. C'est impossible.

Une main que je suppose être celle d'Azael me maintient encrée dans le sol, mais je ne sens pas son contact, tous mes sens étant dirigés vers cette seule et même scène. Ces deux personnes qui se tiennent debout, sur le ring.

De sa silhouette élancée et hostile, Elijah brandit un bras en l'air, serrant le poing en signe de victoire, tandis que tous les vampires l'acclament, lui prêtent allégeance et loyauté, en hurlant de triomphe. Son regard noir est rivé sur son frère et moi, mais la seule chose qui retient mon attention et me percute de plein fouet, est la manière dont il tient l'homme à ses côtés.

Il le traîne presque sur le sol, celui-ci recouvert de plaies et d'hématomes, tenant ses côtes comme s'il craignait qu'elles se brisent entre elles.

Mes yeux se brouillent de larmes.

Je reconnais sa courbe robuste et pourtant si frêle, sa chevelure dorée qui chevauchent ses épaules, les cicatrices sur ses mollets.

Je reconnais sa tête baissée vers le sol, ses paupières fermées de honte, ses ongles encrés dans ses paumes, ses poings serrés sur le sol.

Et j'étouffe un sanglot.

J'ai envie de courir vers lui, l'étreindre dans mes bras et lui promettre que je ne disparaîtrai plus jamais. L'emmener loin d'ici et lui garantir une vie paisible et sans danger.

Mais, lorsque son visage se relève, et que ses yeux rencontrent enfin les miens, ce que j'y lis me fait reculer de quelques pas, m'arrachant de violents frissons le long de l'échine.

Il m'effraie.

Dans ses prunelles autrefois si douces, je découvre toute la haine qu'elles recouvrent. Toute la violence qui s'y cache, tout le dégoût et l'aversion qui me fusillent sans hésitation.

J'observe son visage se déformer de colère, son corps blessé se relever pour s'élancer vers la foule, n'ayant qu'une cible et un objectif en tête ; arracher la mienne.

Mais, avant même qu'il ne puisse effectuer le moindre mouvement en ma direction, un bras féroce l'envoie au sol, et la voix placide d'Elijah résonne clairement, au dessus des autres vampires :

Mes chers camarades, nous avons ici le plus jeune jäger jamais connu, autrement dit, un chasseur de vampires coriace mais inexpérimenté.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant