𝟐𝟐.

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Ses doigts s'enroulent d'abord faiblement autour de mon avant-bras, l'encerclant sans difficulté, avant d'augmenter la pression exercée. Sa force m'étonne, mais je ne m'en détache pas.

Je me contente d'observer ses traits crispés par la douleur et la réticence, ses iris qui s'incendient et sa respiration hésitante.

Il n'arrive plus à lutter.

Si bien qu'il accepte ce que je lui donne, et finit par en vouloir encore plus. Tandis que je demeure immobile, le bras sanguinolent et les mains tremblantes.

Qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?

Ses canines se referment finalement sur ma chair, et lorsque la plaie ne lui procure plus assez de sang, il la déchiquète de lui-même, m'arrachant un violent hoquet de surprise.

Je me mets à reculer, vite saisie de regrets, mais sa poigne s'accentue, et brusquement, tout son poids me tire vers lui, me faisant basculer sur son corps poisseux de sang.

Je perds rapidement l'équilibre. Et dans un bruit sourd, mon dos percute son torse blessé, et mes jambes s'étendent lourdement par dessus les siennes, son sang s'imprégnant désormais de ma chair, sans qu'aucun de nous deux n'exécute le moindre mouvement pour contrer ma chute.

Tout mon corps se crispe en observant ses canines toujours enfoncées dans ma peau.

Si je me relève, je risque de perdre mon avant-bras.

Je me contente alors de déposer l'arrière de mon crâne contre son épaule ensanglantée, et d'observer mon sang rouler le long de nos corps, avant de diriger mon regard vers les arbres enneigés qui nous surplombent.

Sans même le regarder, je peux tout sentir.

Son pouls qui s'accélère, sa respiration qui s'arrête contre ma peau, sa langue qui accueille mon sang.

Même ses canines, ne sont pas aussi douloureuses que ce que j'avais imaginé. Au contraire, elles sont douces et lisses lorsqu'elles frôlent ma chair, trempées de ma propre hémoglobine, et tranchantes lorsqu'elles pénètrent mes veines, mais m'animent d'une chaleur réconfortante.

Cette chaleur vive et ardente, que je rencontre lorsque mes émotions prennent le dessus. Cette chaleur que je rencontre également lorsque je m'abreuve de lui.

Elle pourrait s'apparenter à de l'adrénaline, à de la dopamine, ou simplement à un relent de haine. Mais je m'en fiche.

Elle me réconforte.

Alors j'arrête de bouger contre lui, et je le laisse vider le reste de sang qui anime mon bras droit, en faisant abstraction de ses lèvres contre ma peau, et de mon envie irrépressible d'enfoncer mes doigts dans ses plaies.

Mais quelques secondes plus tard, alors que je m'évertue à oublier la présence de son corps sous le mien, sa tête retombe lourdement contre mon bras, m'arrachant un violent sursaut.

Interloquée, j'attends patiemment qu'il relève la tête et reprenne son activité, mais plus les secondes s'écoulent, et plus le silence devient pesant. Rien ne se passe. Ses mèches pourpres s'écrasent avec douceur et légèreté sur mon bras, qui pend désormais dans la neige, et sa tête roule brusquement en arrière lorsque je tente de le faire bouger, percutant à nouveau le sol enseveli de neige en un bruit sourd.

Cet abruti s'est évanoui ?

De longues secondes s'écoulent, où mon regard reste rivé sur ses lèvres pleines de sang, avant que je ne réussisse à reprendre contenance et bondir hors de son corps, les sens en alerte.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant