𝟑𝟐.

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Mes forces m'abandonnent petit à petit, et à mesure que nous glissons contre la porte, sa poigne contre mon cou s'accentue, sans jamais que je ne le repousse.

Il ne me fait pas mal, au contraire. C'en est presque agréable, et c'est étrange. Je me sens partir, mais ce n'est pas douloureux, c'est apaisant. Comme un poison ankylosant qui engourdirait tous mes membres et éteindrait mes pensées.

Je ne sens plus mon sang quitter mon corps. Je ne sens plus la surface froide du bois contre mon dos. Et je ne pense à rien, sauf à notre proximité affolante.

Je pense à ses mains qui me maintiennent près de lui, à sa respiration qui s'achève sur mon cou, et à ses cheveux qui chatouillent mon visage.

Et je n'arrive pas à m'en empêcher.

Sa langue caresse ma peau d'une douceur qui m'est presque douloureuse, et c'est lorsque ses canines s'enfoncent à nouveau dans ma chair, que tous mes sens m'abandonnent définitivement.

Je ne suis plus capable de garder les yeux ouverts, d'observer ses mèches rougeâtres sous mon menton, et de réaliser que je l'ai poussé à s'abreuver de mon sang.

Alors je ferme les paupières. Je laisse la vitalité quitter mon corps pour rejoindre celui de mon assaillant, et je me persuade que, une fois sur pieds, je serai à nouveau capable de l'affronter, de l'assaillir de regards méprisants, et que peut-être, je pourrais m'en éloigner.

Je ferai en sorte que ce lien n'ait plus de quoi être alimenté, et que cette fichue Promesse ne puisse pas nous tuer.

Qu'importe le coût, qu'importe la chute.

Orpheline...ça suffit, émerge soudainement le nomade, la voix basse mais éraillée. Tu dois te nourrir aussi.

Son visage se relève de ma nuque, et à cet instant précis, alors que ses yeux rencontrent une nouvelle fois les miens, je suis frappée par la douceur de ses traits. Il a l'air si apaisé.

Tiens, murmure-t-il en indiquant son cou marqué, faisant glisser la fermeture de sa combinaison jusqu'à faire apparaître ses clavicules. Tu vas t'évanouir si tu ne t'abreuves pas.

Sceptique, je me contente de reluquer le haut de son corps, retraçant visuellement chacune des cicatrices qui entaillent et parcourent son torse, sans jamais placer un doigt dessus, malgré l'envie qui me tiraille les membres.

Pourquoi ça te préoccupe autant ? me risqué-je à demander, sans jamais quitter ses marques blanches du regard.

Un soupir agacé franchit ses lèvres, et soudainement, je me surprends à regretter ma question. Je me sens bête de la lui avoir posé. Mais alors que je m'apprête à effacer mes paroles d'un geste de la main, il saisit fermement mon poignet, m'arrêtant net dans mon élan.

Je ne veux pas m'être donné toute cette peine pour rien, tranche-t-il d'une voix sans appel, avant de positionner mon poignet contre son torse, accrochant mes doigts au tissu mouillé de sa combinaison. Maintenant, abreuve toi. Au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, nous sommes pressés par le temps.

Ses traits sont redevenus fermes, froids, et distants. Et son visage, qui s'était remarquablement adouci quelques secondes plus tôt, ne semble plus qu'être un vague et lointain souvenir. Si vague que je me soupçonne même de l'avoir imaginé.

Avant ça, comment je peux être sûre que tu ne perdras pas à nouveau ton énergie ? tonné-je une nouvelle fois dans l'espoir de gagner du temps.

Désabusé, il me lance un nouveau regard noir, que je lui rends sans broncher.

Tu viens de t'abreuver ! Qui te dit qu'il ne faut pas patienter un peu plus avant que mon sang ne fasse effet ? tenté-je à nouveau, éloignant les souvenirs désagréables qui m'assaillent de toute part.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant