𝟐𝟖.

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Le silence m'accueille lorsque je regagne mes appartements, accompagnée de Noah qui semble surveiller d'un air inquiet le moindre de mes mouvements, alors que c'est plutôt elle dont on devrait s'occuper.

En entrant, tout est exactement comme je l'avais laissé. Les tapis rouges, les meubles ornés de rubis, la salle de bain qui donne vue sur la forêt. Les draps pourpres et les fils dorés qui se suspendent gracieusement autour de l'immense lit à baldaquin.

Rien n'a bougé, et je ne pouvais pas me sentir plus soulagée de regagner ma chambre.

En un soupir excédé, je m'empresse d'emmitoufler mon visage dans les couvertures.

Nous avons beaucoup de choses à discuter, Esme. Tu dois être beaucoup plus prudente à présent. Et nous ferons en sorte d'accentuer les mesures de sécurité, tonne la voix douce mais sévère de Noah. Mais avant ça...

Elle marque une pause. Je ne la regarde pas, mais un poids s'affaisse contre le bord de mon lit.

Je veux savoir ce qu'il s'est passé entre toi et Elijah.

J'ouvre soudainement de grands yeux en relevant le visage vers elle.

Il n'a pas pipé mot avant ton réveil. Et Azael avait l'air d'en savoir bien plus qu'il ne voulait bien l'admettre. J'arrive à lire beaucoup de choses sur son rictus moqueur, se justifie-t-elle en m'adressant un regard lourd de sens.

Son accusation m'arrache une grimace révoltée. Je me redresse sur mes coudes dans l'espoir de mieux me défendre, et nier, mais elle ne m'en laisse pas le temps :

Et ne t'avises pas de me mentir. J'ai senti cette atmosphère très étrange qui électrifiait la pièce. On aurait dit que vous étiez sur le point de vous égorgez mutuellement.

Un rire sarcastique frôle ma gorge. Elle n'est pas au courant pour le lien. Ni même pour cet étrange combat qui avait éclaté entre lui et moi, et qui avait largement dégénéré, lorsqu'elle n'avait pas été en mesure d'assurer mon entraînement.

Je me souviens du goût de son sang contre ma langue. Pensant que c'était la première fois, à ce moment là.

On a tout le temps l'air de vouloir s'égorger, me défendis-je en fronçant les sourcils, un rictus indigné déformant toujours mes traits.

Sa mine se fait plus grave.

Pas en vous arrachant vos vêtements, non. Ça c'est une première.

Je manque de m'étouffer face à ses paroles.

Jamais ! m'offusqué-je en la fixant d'un air ahuri, comme si un troisième oeil lui avait poussé au milieu du front. Tu as dû confondre avec les phéromones qui émanaient entre Azael et toi.

C'est à son tour de prendre un air interloqué. Et alors que je pensais avoir détourné le sujet, ses yeux se voilent à nouveau de cette lueur amusée.

Je l'ai vu dans vos yeux, avant de se répandre dans l'air, Esme. Comme si vous partagiez un secret commun qu'il vous fallait absolument dissimuler. Mais visiblement, vous avez omis d'exclure Azael de la confidence.

Le ton de sa voix baisse d'un octave, comme si elle craignait qu'on pouvait l'entendre, et qu'elle souhaitait connaître ce secret pour nous aider à le cacher.

Cela n'a peut-être duré quelques secondes, avant que vous vous remettiez à vous cracher dessus. Mais je sais ce que j'ai vu. Et crois moi, il vaut mieux que je t'harcèle toi, plutôt qu'Elijah, ajoute-t-elle d'un ton à la fois calme et suppliant, comme si le mystère était sur le point de la tuer, avant de m'adresser à nouveau ce regard lourd de sens.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant