𝟒𝟔.

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Esmeray :


Le sang coule, jaillit, et éclabousse les alentours. Si bien que le paysage devient bientôt méconnaissable. Les corps jonchent les dalles, les organes décorent les murs, tandis que l'eau de la fontaine vire au rouge.

Le spectacle est horrifique, d'une violence et cruauté difficiles à décrire. Et pourtant, même si plus rien ne bouge, tout est bien réel.

Aucun villageois n'a été épargné, et femmes comme enfants sont désormais éparpillés sur les façades, aux côtés des vampires sous mes ordres. Brutalement démembrés.

Tout est sombre, sauf lui. Il demeure immobile, planté à l'entrée du village, un sourire radieux collé aux lèvres, comme s'il ne venait pas de saigner à blanc une soixantaine d'innocents. Des familles entières, des victimes prédestinées, des martyrs qui auraient fini par mourir. Sacrifiées par ma faute.

Khôl me salue alors, et il ne m'en faut pas plus.

D'un bond, je me jette sur lui, la rage au ventre.

La haine qui m'anime est béante, mais elle m'aveugle considérablement. Elle prend trop de place.

Ma force est décuplée, mais ma vision s'est rétrécie. Et rapidement, je ne le vois plus.

De justesse, il recule alors. Et aussitôt, ce sont trois jägers qui s'amassent sur mon corps.
Je sens le goudron se fendre sous mon poids, j'entends Aiden hurler mon nom, mais je ne réagis pas. Les coups redoublent d'intensité, mes os se disloquent, mon sang se met à tâcher le sol. Et pourtant ce n'est toujours pas assez.

Du moins, jusqu'à ce que ses doigts s'arrêtent sur ma chair.

Mon pouls s'accélère, ma gorge s'assèche, et quelques secondes plus tard, je m'extirpe de sa prise, ses doigts en bouche avant de les cracher au sol.

Son hurlement de douleur déchire le ciel, et j'en savoure chaque seconde.

Attrapez cette salope !

Les deux autres jägers tentent de reprendre le contrôle, en vain. Je ne me soumets plus. Je suis réveillée, vengeresse, mais surtout, j'ai faim.

Violemment, j'attrape alors un des deux chasseurs, avant d'arracher la dague à sa main.
L'horreur, le dégoût et la haine découlent de tous ses membres, plaqués contre les miens, et pourtant, lorsque mes canines s'enfoncent brutalement dans sa chair, c'est un pur désespoir que je ressens.
Un désespoir tellement savoureux qu'il rend supportable l'odeur de son sang.

Son corps est parcouru de soubresauts, se battant jusqu'à la dernière seconde pour rester en vie, mais je ne m'arrête jamais. Au contraire, je m'enfonce un peu plus, sans jamais le relâcher. Même lorsque ses bras retombent mollement le long de son corps, et que sa peau se retrouve vide de couleurs. Même lorsque son coeur s'arrête de battre, et que son cadavre s'écroule lourdement sur le sol. Je le vide, jusqu'à la dernière goutte de sang. Avant de passer au suivant.

Je ne suis même plus capable de suivre mes propres mouvements. Tout va terriblement vite. Je vais terriblement vite.

Je tranche, j'écharpe, et je broie tout ce que je peux trouver. Je ne distingue plus les morts des vivants, et je ne sais plus si je perds du sang ou si je le répands. Mais malgré tout, je continue.

Je m'élance sur un énième chasseur posté devant ma cible, et je vide toute l'animosité qui m'habite, comme si je pouvais m'en débarrasser aussi facilement.

Tu es plutôt sauvage, tonne une voix rocailleuse, enjouée malgré la tournure des évènements. On m'avait averti, mais ça reste extrêmement surprenant.

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𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant