𝟒𝟎.

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Comment as-tu pu faire une chose pareille ?! M'époumoné-je, tandis qu'Elijah ne bouge pas d'un poil, adossé à son bureau comme si la conversation ne le concernait pas. Me déclarer en tant que nouveau chef de la Base, c'est ça ton plan miracle ?

L'oeillade qu'il me jette est peu amicale, et pourtant, elle ne m'arrête pas le moins du monde.

Je pensais que ton seul but était de me protéger !

Soudainement, il se redresse, comme si j'avais prononcé le mot de trop. Et d'ici, je peux voir la veine dans son cou s'agiter.

Tu ne comprends pas, se contente-t-il de répondre, d'un ton sec et sans appel.

Sa posture hostile m'indique de ne pas insister, mais je l'ignore. J'évite tous les signaux menaçants qu'il me lance, et au contraire, je m'approche.

Je m'avance sans me soucier du danger. Et ce n'est que lorsque mes prunelles sont prêtes à se mélanger aux siennes, que je m'arrête.

Alors explique moi, soufflé-je.

Son corps se crispe, ses doigts s'enfoncent dans le bois, et vainement, j'attends sa réponse.

L'air semble s'être raréfié, et je peine à respirer, mais je ne peux plus me défiler. Je veux lui tenir tête, peu importe si je dois perdre la mienne.

Mais contre toute attente, la veine qui s'affolait sous sa chair se calme radicalement, et c'est d'une voix plus douce qu'il reprend, l'air gêné :

Si je t'ai nommé chef de la Base, c'est pour te donner plus de crédibilité. Désormais aucun de nos membres ne se risquera à t'attaquer, ou à te manquer de respect.

Je fronce les sourcils, sceptique.

Pourtant tu comptes me revendiquer au bal de sang, souligné-je. Tu fais seulement de moi une plus grosse cible à viser.

Ses lèvres s'entrouvrent, et c'est seulement à cet instant que je réalise notre proximité inquiétante.

Je m'apprête alors à reculer, déterminée à instaurer un semblant de distance, mais je suis vite arrêtée par une main ferme qui s'enroule autour de mon avant-bras.

Justement, il n'y a qu'à partir du bal de sang, que tu seras en sécurité. Tous mes alliés auront pour obligation de te protéger, puisque je te revendiquerai, reprend-t-il, comme si de rien n'était.

Son souffle frais s'abat sur ma joue, et soudainement, je regrette de m'être autant approchée.

Tu seras mienne, aux yeux de tous. Tandis qu'ici et maintenant, tu n'es pas à l'abri d'un danger extérieur. Ce pourquoi nous devons éviter d'être vus ensemble. Car pour le moment, je ne peux te protéger qu'à distance, poursuit-il, sans jamais lâcher mon avant-bras, comme s'il craignait que je ne me dérobe à nouveau.

Je me contente alors de hocher la tête, buvant ses paroles sans pouvoir m'opposer à ses dires. Parce-qu'au fond de moi, je le crois.

Et cette simple constatation me donne envie de vomir.

Qui est au courant pour La Promesse ? demandé-je soudainement, désireuse de changer de sujet.

Ma question semble le ramener à la réalité, puisque instantanément, ses doigts se détachent de mon bras. Comme si le simple fait de mentionner la Promesse lui avait rendu tout son bon sens.

Seulement Azael, Tara, et Noah, réplique-t-il d'une nouvelle voix. Plus sèche, plus grave, et plus froide.

Tara la sorcière ? Peut-on vraiment lui faire confiance ? M'inquiété-je, sans pour autant le quitter des yeux.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant