𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.

𝟒𝟓.

Elijah :

Cette fois-ci, c'est à mon tour de prendre son coup de poing.

—Enfoiré !

Ses jointures percutent lourdement l'os de ma mâchoire, d'une violence qu'il peine à contenir.

Si j'avais été humain, mes dents seraient probablement tombées.

—Comment oses-tu ?! crache-t-il avec mépris. Après tout ce que j'ai fait pour toi, il fallait que tu entraînes ma fille dans ton merdier ?

Ses iris me fusillent du regard, mais je ne me démonte pas.

—Rasmey, ta fille est en sécurité. Je peux te l'assurer, je suis prêt à tout, affirmé-je sans honte.

Ma réponse ne semble pas le satisfaire, bien au contraire, ses traits se déforment en une expression affolée, comme si je venais d'envenimer la situation.

—Ce n'est pas sa protection qui m'inquiète, idiot. C'est toi, rétorque-t-il du tac au tac.
Je te connais comme si je t'avais fait. Tu es pragmatique et réfléchi, jusqu'à ce que tu tiennes à quelque chose.

Je suis prêt à le contredire, mais me ravise à la dernière minute.

—Tu as beau détester cet aspect de ton frère, tu deviens pire que lui lorsque tes sentiments rentrent en jeu. Et je ne veux pas perdre ma fille à cause de ça.

Je finis par hocher la tête, docile mais surtout désireux de changer de sujet, avant de jeter un coup d'oeil à Reyna, toujours en train de discuter avec le barman.
La nuit commence à tomber, nous indiquant qu'il serait judicieux de reprendre la route.
J'enchaîne alors :

—Tu ne la perdras pas, tant que je peux compter sur tes vampires pour combattre Deavon, ta fille sera saine et sauve.

D'un simple regard, il me certifie pouvoir compter sur sa loyauté, et je choisis ce moment pour faire signe à Reyna de revenir.

—Bonsoir, le salue-t-elle, avant de plisser les yeux, suspicieuse. J'ai l'impression d'avoir déjà vu votre visage quelque part, souligne cette dernière.

Je me contente de lever les yeux au ciel, tandis que Ramsey s'illumine d'un sourire radieux.

—Sa fille est Esmeray, la représentante de la Base, précisé-je avant de glisser les pintes vides au barman. Cet homme est aussi le leader des sentinelles.

Reyna ouvre de grands yeux admiratifs, avant de lui serrer la main, visiblement ravie.

—Pourquoi pas ne pas vous joindre à nous ? Nous comptons reprendre la route ce soir, si votre fille est à la Base, elle sera certainement très heureuse de vous revoir, affirme-t-elle joyeusement avant de me jeter un coup d'oeil fier, comme si elle venait d'avoir l'idée du siècle.

—Oh.

La mine de Rasmey s'assombrit instantanément.

—Je ne sais pas. J'ai une responsabilité ici, je ne peux pas quitter mon poste. Surtout par ces temps.

Ses yeux sont brillants et tristes, et l'espace de quelques secondes, je me surprends à éprouver un élan de culpabilité vis-à-vis de cet homme. Peut-être que si j'en avais parlé à Esmeray lorsqu'elle m'en a fait la demande, elle serait partie à sa rencontre d'elle-même. Peut-être que si je l'avais fait fuir lorsqu'il travaillait encore pour mon père, il n'aurait pas eu à choisir entre son devoir et son enfant. Peut-être qu'il existait un moyen d'empêcher tout ça. Et peut-être qu'il n'en existait aucun.