𝟑𝟔.

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Je cligne plusieurs fois des yeux, dans l'espoir d'avoir halluciné. Mais rien ne disparaît. Le corps d'Elijah est toujours là, posté devant moi de manière hostile, comme s'il ne venait pas d'annoncer que bientôt, je lui appartiendrai.

Du moins, aux yeux de tous.

—Nous parlerons plus tard de ta vision. Tous les deux, m'intime-t-il en jetant un bref regard à son frère, lui faisant subtilement comprendre que ce dernier est en trop. En attendant, j'ai besoin que tu te fasses le plus discrète possible.

Son ton est sévère et sans appel. Mais cette fois-ci, je ne suis pas tentée de lui désobéir.

Tu n'auras plus accès à la salle principale jusqu'à nouvel ordre. Et tu te contenteras de te nourrir, ici, dans ma chambre, poursuit-il d'un ton imperturbable, alors que je ravale difficilement ma salive.

Il se tourne ensuite vers Azael, avant de déclarer de cette même voix autoritaire :

Toi, tu auras pour mission d'entraîner les nouvelles recrues, aux côtés de Noah. Et t'assurer qu'elles soient dignes de confiance.

Instantanément, le visage du vampire s'illumine, comme si cette simple nouvelle venait d'égayer considérablement sa journée, mais le nomade l'arrête net :

Ne t'extase pas de sitôt, vous n'entraînerez pas les mêmes groupes. Elle s'occupera des hommes, et toi des femmes.

Immédiatement, son sourire s'effondre.

Pourquoi devrait-elle s'occuper des hommes ?! s'écrie-t-il. Je peux très bien le faire !

Elle est plus qualifiée que toi, tout simplement. Tu t'occuperas des femmes avec Kaylan, mais si tu veux échanger de place avec Noah et la laisser avec lui, c'est ton ch-

Non ! le coupe immédiatement Azael, tandis que sa réaction m'arrache un petit sourire. Finalement ça me va très bien.

Bien, alors tu peux disposer.

Cette fois-ci, c'est mon sourire qui s'effondre immédiatement.

Je lui adresse un regard appuyé et confus, mais il ne se donne pas la peine de me répondre, et se contente d'ouvrir la porte ensanglantée, afin que son frère s'immisce vers la sortie. Chose que ce dernier fait sans hésiter.

Esme, bonne chance avec celui-là. Sur ce, moi je vous laisse.

Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche pour lui répondre, que la porte en bois se claque violemment contre le dormant en sang, nous baignant dans un silence étouffant qu'Elijah s'empresse de briser :

Je sais que cette décision ne te plaît pas le moins du monde, mais tu vas devoir t'y faire.

Les sourcils arqués, je me retourne vers lui d'un air mauvais.

De quoi parles-tu exactement ? Du fait que je sois bientôt obligée de m'exhiber comme ton objet, ou l'obligation de rester cloîtrée dans ta chambre ? répliqué-je cyniquement, alors que ses iris perdent peu à peu de leur couleur.

Jusque-là, je parlais du bal de sang. Mais maintenant que tu le mentionnes, te garder enfermée ici sera probablement la tâche la plus difficile.

Sa mâchoire se serre mais un rictus moqueur vient tirer sur ses lèvres.

Il faut dire que tu n'es pas réputée pour te plier aux règles, poursuit-il en s'égarant sur mon visage, sans jamais baisser les yeux sur ma tenue légère.

Tes règles, tranché-je simplement en suivant son regard.

Il ne réplique pas, et alors qu'il semble ciller à la vue des balafres sur mes joues, il ne recule pas.
Au contraire, il s'avance, encore et toujours. Et les mots qui s'apprêtaient à accompagner mes dires s'évanouissent au creux de mes lèvres.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant