𝟎𝟖.

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L'odeur poisseuse de la luxure mélangée à celle de la bière emplit rapidement mes narines, me procurant d'innombrables frissons tandis que je m'engouffre un peu plus dans cette caverne débordante d'hommes, Azael à mes côtés.

Malgré sa présence, mes muscles restent tendus, et mon corps affreusement raide, les poings serrés contre ma robe, face à cette atmosphère étouffante qui s'empresse de m'engloutir, l'obscurité du bar rajoutant une ambiance menaçante.

D'une simple respiration, j'hume l'air, mais secoue rapidement la tête, comme pour confirmer mes pensées.

Aucun vampire.

Les regards se posent instantanément sur nous, et des rires gras se mettent à glisser près de mes oreilles, me faisant serrer les mâchoires.

Azael semble remarquer la haine parcourir mes veines, puisqu'il se penche à mon oreille et me chuchote, d'une manière presque complice :

—Pas maintenant, ma chère. Leur sang est vôtre, soyez patiente.

D'un hochement de tête, je reprends contenance et le laisse m'installer près du bar, sur de hautes chaises en cuir, aux côtés d'un homme vêtu d'une peau de cerf.

Discrètement, mon regard glisse vers sa main entaillée, dont la peau se dérobe, et je retiens un haut-le-coeur en remarquant ce qu'il tient de sa main valide.

Je suis à deux doigt de vomir tout le sang que j'ai ingurgité un peu plus tôt.

—Tiens, Podrick. Cette tête vaut au moins tout ton stock de bière ambrée. Prends-la et accroche la dans ta salle à coucher, ricane-t-il en déposant la tête sur le bar, un sourire pervers accroché aux lèvres, visiblement fier de sa trouvaille.

La tête roule lentement sur le bar, puis s'arrête face à moi, ses grands yeux bleus me fixant d'un air apeuré, laissant une mince traînée de sang derrière elle, et écrasant ses cheveux dorés.

Mon coeur loupe un battement, alors qu'il continue sans gêne :

—Elle m'a donné du fils à retordre, cette petite.

Puis, il m'adresse une oeillade surprise, comme s'il n'avait pas remarqué ma présence jusque-là, et soulève le tonneau de bière que fait glisser le barman sur son bar, récupérant la tête comme monnaie d'échange.

—Fais pas cette tête ma biche, ça nous fait une sorcière de moins dans le pays ! raille-t-il avant de se servir généreusement, glissant son regard vers le bas de ma robe sans grande discrétion.

Je m'apprête à tourner la tête, confuse de ne plus sentir la présence d'Azael à ma gauche, mais une main brûlante sur ma cuisse retient mon attention.

—Comment tu t'appelles ? poursuit-il en suivant mon regard, les commissures de ses lèvres s'élevant en un rictus satisfait, sa bouche se rapprochant dangereusement de mon oreille, comme une invitation pour que je l'égorge à l'aide de mes dents.

—Les femmes se font rares dans notre village paumé, s'exclame un autre homme derrière lui, adossé à une table en bois comme si la caverne lui appartenait, ne le prends pas mal si cet empoté manque de manières.

Ce dernier lèche le bord de sa coupe en gardant les yeux rivés sur moi, m'adressant une œillade complice comme s'il s'attendait à ce que je repousse ma proie pour m'occuper de son cas, chose que je serai ravie de faire, bien que nos idées divergeraient en tout point.

Sa main se secoue en ma direction, m'indiquant de venir à ses côtés, mais je détourne sciemment le regard en serrant les dents, prenant mon mal en patience malgré la rage qui réchauffe désormais tout mon corps.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant