𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.

𝟐𝟑.

Prise par surprise, je me mets à bouger dans tous les sens, mais ses mains se resserrent autour de ma gorge, assez fortement pour me maintenir en place, et pour m'empêcher de parler.

Il ne veut pas que j'alerte Elijah, qui pourrait se réveiller d'une seconde à l'autre.

Si j'étais humaine, je serai probablement morte à l'heure qu'il est, asphyxiée et le cou douloureusement broyé.

Mais cela ne semble pas être son objectif.

Seules ses mains font office d'armes, et j'ai beau parcourir la chambre du regard, aucune lance ne jonche le sol. L'arme des jägers.

Il n'a donc aucune intention de nous attaquer à distance.

Autrement dit, il ne veut pas me tuer, pour une raison que j'ignore. Et c'est à mon avantage, puisque ce n'est pas mon cas. Loin de là.

Furieusement, j'en profite alors pour planter mes canines dans la chair de sa main, et l'observe tenter de s'éloigner en rugissant de douleur, agitant ses doigts en observant le sang abonder à l'intérieur de sa paume.

—Salope ! rugit-il alors que je m'élance brutalement en avant, échappant à sa poigne avant de me retourner face à lui, cette étrange chaleur ravivant à nouveau mes membres.

Réconforte moi à nouveau. Anime moi de colère.

—Bats toi comme un homme au lieu de m'attaquer par derrière, grogné-je à mon tour en le dévisageant, crachant le bout de peau que j'ai réussi à lui arracher en le mordant.

Ses iris haineuses vibrent d'un vert aussi brillant que la pierre qui les représente, et son allure concorde exactement à celle que j'attribuais aux jägers. Hostile, combattive et animale.

De multiples cicatrices entaillent son visage, similaires à celles d'Azael, mais quelque chose diffère dans son regard.

La folie de la guerre.

Je n'avais jamais vu ça avant.

Je recule de quelques pas, à mesure qu'il avance, piétinant le matelas du lit avec ses bottes de militaire souillées de boue et de sang.

—Je dois t'emmener là-bas. Alors sois gentille, chaton, susurre-t-il en sautant dans ma direction, dégainant une dague accrochée à sa combinaison, alors que je cherche hâtivement une arme à proximité, évitant de justesse que sa lame ne m'entaille le visage.

Ses mouvements sont rapides, mais je suis capable de les contrer. Il est vif, mais moins fort que Caesmé, et ses mains ne cessent de trembler, rendant ses attaques plus maladroites. Je pourrais le gérer sans avoir à réveiller Elijah.

Mais la folie qui habite ses iris me dérange. Il est imprévisible.

Si j'étais persuadée qu'il ne comptait pas me tuer quelques secondes plus tôt, je n'en suis plus aussi certaine à présent.

D'un puissant coup de pied, il envoie la porte valser contre moi, m'écrasant de tout son poids sans pour autant me faire tomber, avant de sauter à nouveau dans ma direction, le sourire aux lèvres, fendant l'air de sa lame.

—Mais c'est plus fort que moi. J'ai envie de m'amuser avec toi, ajoute-t-il en dégainant une deuxième dague, cette fois-ci déjà poisseuse de sang.

Les deux mains occupées, il s'amuse à faire claquer ses lames entre elles, jonglant entre les manches dans l'espoir de m'intimider, mais mon regard reste rivé sur ses jambes, désormais libres.