Elijah :
Le silence qui régnait lors de mon arrivée est maintenant écrasé par les grondements animaux des combattants, et des bruits de verres qui s'entrechoquent les uns aux autres, trinquant à la santé et à l'abondance du sang, alors que nous n'avons jamais été aussi loin de la victoire.
Nos troupes sont affaiblies, Khôl est peut-être toujours en vie, et Deavon rôde probablement toujours dans les parages.
Et pourtant, la salle principale n'a jamais été aussi bruyante. Nous venons d'enterrer quatre soldats dépecés, le coeur et l'entrejambe arrachés, morts pour nous avoir protégés, et pourtant, chaque rire gras qui résonne à mes oreilles me paraît sincère.
Si je pouvais dépecer chacun de leur visage, je m'exécuterai sans hésiter. Mais malheureusement, nous manquons de combattants.
—Un verre, chef ? résonne brutalement la voix de Kaylan à mes côtés, alors que j'observe attentivement le verre de sang qu'il me tend, avant de décliner poliment.
Il arque un sourcil étonné, en secouant une dernière fois la coupe sous mon nez, avant de la vider d'une traite, déglutissant comme s'il n'avait jamais goûté de meilleur sang.
Ce qui n'est pas mon cas.
—Que comptez-vous faire, maintenant que votre père a lancé l'attaque ? s'empresse-t-il de me questionner en reposant sa coupe sur la table, s'adossant de manière nonchalante alors que les regards se posent instantanément sur moi, comme s'ils attendaient tous avec impatience de recevoir mes ordres.
—Nous devons nous attirer les faveurs des autres lignées. Nous avons déjà la lignée hybride en poche, mais cela ne suffira pas. Les sentinelles ne prendront jamais partie. Et les nomades sont trop peu nombreux. Ceux qui restent seront probablement tiraillés entre le clan du vampirjäger et le nôtre. Ils nous restent alors les originels. Et les sans-lignées, ceux qui ont été exclus, tonné-je d'une voix claire en m'adressant à la fois à Kaylan, mais également aux autres combattants assis à ma table.
—Les sans-lignées sont incontrôlables, résonne la voix de Jonas dans mon dos, le fameux jäger à la langue bien pendue que je suis inconsolablement tenté d'arracher, ils n'écouteront pas un vampire nomade, et encore moins le fils de l'ennemi visé. Ils te considéreront comme instables, bien qu'ils le soient déjà eux-mêmes.
Presque l'ensemble de la table, composée elle-même de nombreux sans-lignées, se lève alors soudainement et se tourne vers le chasseur, le regard menaçant. Ils demeurent stoïques, pour le moment, mais je peux déjà sentir l'atmosphère se tendre.
Ils n'attendent plus que mon signal pour fondre sur lui et lui déchiqueter la peau, que son sang finisse par les tuer ou non.
Un mince rictus vient relever les commissures de mes lèvres.
Les sans-lignées sont impitoyables, c'est pour cela que nous en avons besoin dans nos rangs.
D'un geste de la main, je leur fais signe de ne rien faire. Et malgré les grondements et protestations de certains, aucun n'entrave mes ordres.
Aucun ne prend le risque inutile de me désobéir.
Car ils savent.
Malgré l'étrange calme dont je fais preuve, ils savent que je partage les mêmes envies animales qui les animent. Il savent que je brûle d'envie de déchirer chaque parcelle de l'être qui se tient devant moi, et remplacer ces belles prunelles verdâtres par les trous qu'ornent désormais les paupières de Judas.
—Si nous ne pouvons pas le tuer, pourrons-nous au moins le torturer ? questionne Kaylan en faisant claquer ses canines, un sourire insolent au coin des lèvres. J'ai entendu dire qu'il avait bien encaissé tes coups. Je veux tester, moi aussi.
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𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.
Vampire-❝ Tu ne sembles pas avoir saisi l'urgence de la situation, orpheline, alors laisse moi t'expliquer. Un vampire peut te revendiquer comme étant sienne dès l'instant où ses lèvres effleurent simplement les tiennes. À partir de ce jour-là, il écharpe...