𝟑𝟏.

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***

Sans rechigner, je m'exécute lorsqu'il m'ordonne de le suivre, et après de longues secondes d'hésitation, je finis par le dépasser, vite secouée de multiples frissons le long de l'échine lorsque son odeur emplit à nouveau mes narines.

Je sens ses iris me suivre, avant que ses pas ne s'accordent aux miens, et sans un regard en arrière, nous dépassons la salle d'entraînement silencieusement. Sans pour autant que ma tête ne cesse de bourdonner de questionnements.

Je ne comprends plus rien. Et, malgré le silence qui pèse lourdement sur nos deux têtes, je comprends sans difficulté que la situation est grave, et que les explications qui m'attendent risquent guère de me plaire.

Et pourtant, je n'arrive pas à détacher mes sens de lui. Comme à chaque fois que je me retrouve en sa présence, je n'entends plus que les battements de son coeur qui s'accélèrent. Son parfum boisé mélangé à celui du sang frais.

Je ne fais plus attention à la porte du bureau qui se dresse devant moi. Tout ce que j'entends, c'est le bruit des gouttes qui ruissèlent le long de son visage et s'éclatent par terre. Sa respiration qui devient lourde et irrégulière. Sa manière d'encrer ses pas dans le sol, à mesure qu'il se rapproche de mon corps immobile, face à la porte.

Et mon Dieu, qu'est-ce que je déteste cette sensation. Et ce silence mortuaire qui pousse tous mes sens à se concentrer sur lui.

—Ouvre la porte, prononce-t-il finalement, de son ton froid et sévère.

Je m'apprête à le mitrailler d'interrogations, mais alors que je me retourne vers lui dans l'espoir qu'il s'explique, mes lèvres demeurent scellées. Son visage ensanglanté apparaît brusquement dans mon champ de vision, et instantanément, je suis incapable de formuler la moindre question.

Son regard me perturbe, mais ce qui m'ébranle le plus, c'est cette lueur rougeâtre qui anime ses iris et ne se détache pas de mon visage. Elle me brûle la peau, si intensément que je pourrais sentir mon sang bouillir sous ma chair.

Mais heureusement pour moi, je me détourne à temps. Et, plus violemment que je ne l'aurais voulu, j'ouvre la porte et entre en coup de vent, avant d'être prise d'un violent sursaut lorsque la lumière s'allume sur la pièce.

Tara se trouve là, en plein milieu du bureau, assise sur la chaise d'Elijah, triturant ses tresses sans nous adresser un regard, alors qu'Elijah me dépasse pour lui faire face.

T'en as mis du temps, prononce la sorcière en roulant des yeux hostiles vers moi, la mine aussi radieuse qu'à notre première rencontre.

Sa voix est douce et mielleuse, mais ses mots fendent l'air avec agressivité. Je sais qu'elle ne me porte pas dans son coeur, pour une raison que j'ignore particulièrement. Mais pourtant, elle se tient là. Et malgré son allure hostile, elle semblait m'attendre.

La situation est grave, bâtarde. Je l'ai su quand Elijah a fait appel à moi, commence-t-elle avant de se lever face à nous, étalant sa chevelure bleu marine le long de son épaule dénudée. J'ai appris pour votre lien, et bien que je n'ai jamais totalement cru aux légendes concernant la Promesse, je ne peux plus nier l'évidence. J'en ai la preuve en face de moi.

Sa voix se fait grave, et alors que mon regard se dirige automatiquement vers la mine fermée d'Elijah, je fronce les sourcils, et les dires de Noah me reviennent soudainement en mémoire.

« On ne peut pas se défaire de la Promesse, ni même l'oublier en espérant qu'elle disparaisse. Parce-qu'une promesse est faite pour être tenue. Peu importe le coût, et peu importe la chute. »

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant