𝟒𝟐.

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Elijah se tient face à la foule, mais il ne me regarde pas. Ses yeux sont posés sur la femme collée à lui, et ses iris ne viennent jamais chercher les miennes. Je ne suis qu'un visage parmi tant d'autres.

Tu sais bien que ce n'est que pour nourrir les rumeurs, me chuchote Azael, pressant ma main comme s'il tentait d'éponger ma frustration.

Je ne lui réponds pas, trop en colère pour pouvoir formuler le moindre son, et je me contente de retracer les traits de celle qui illumine le ring.

Ses longs cheveux blancs sont tressés en une belle natte épaisse, jonchant presque le sol, tandis que sa robe en lin semble flotter dans les airs.

Elle n'est pas belle, elle est magnifique.

Ses grands yeux gris se fixent à ceux du nomade, ses mains pâles se baladent sur sa taille, et je me sens déjà défaillir.

C'est à ce moment-là qu'Elijah décide de prendre la parole :

Comme vous le savez, le bal de sang approche. Il ne nous reste plus qu'une journée pour allier le maximum de vampires à nos troupes. Ce pourquoi aujourd'hui, nous séparerons la Base en deux parties.
La première partie accompagnera Noah et Azael en éclairage, tandis que l'autre ira à la chasse, sous les ordres de la mensataren.

Un bruit de fond se fait entendre, mais personne ne s'y oppose. Au contraire, de multiples sourires se tournent vers moi.

N'oubliez pas que votre chef de troupe est en droit de vous punir, si vous transgressez l'une de nos règles fondamentales.

Son regard se pose enfin vers moi.

Et pour ceux qui partent à la chasse, ne négligez pas le fait que même si c'est une femme, la mensataren est cannibale.

Le silence suit ses paroles, un silence lourd de sens. Ses iris quittent les miennes. Et intérieurement, je me remets à le maudire.

Azael semble remarquer la colère sourde qui m'anime, puisqu'il m'éloigne petit à petit de la foule, une main rassurante contre mon dos brûlant.

N'y pense pas trop, m'intime ce dernier. Tu sais comment il est. Il fait ça pour que personne ne t'approche durant son absence.

Un goût acide me tiraille la gorge, tandis que je le fusille du regard.

Et si je voulais qu'on m'approche ? le contredis-je, furieuse.

Mon ami se contente de lever les yeux au ciel, avant de jeter un regard en arrière, la foule maintenant largement dépassée.

Et puis, c'est quoi tout ce cinéma ? Vous aussi vous êtes nomades, et pourtant on ne vous traite pas comme des monstres cannibales ! m'offusqué-je avant d'entrer dans le couloir, accompagnant mon ami à sa chambre.

C'est assez différent, se justifie ce dernier.

J'arque un sourcil curieux, passant le pas de sa porte.

Les nomades ont été créés ainsi, supérieurs à toutes autres races de vampires. Capables de se reproduire et de boire le sang de leurs congénères.

Je l'écoute attentivement, l'observant s'agiter de droite à gauche dans sa penderie, tandis qu'il reprend d'un air dramatique :

Mais en vérité, aucun nomade ne s'était jamais nourri d'un autre vampire. En tout cas, aux yeux de tous. C'est pourquoi ils te craignent, et ils t'admirent.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant