Noah :
Le hurlement de Judas se répète dans mon crâne, encore et encore, jusqu'à ne laisser que du vide. Jusqu'à ce que, tout ce que j'aperçoive, soit sa tête écrasée contre le sol, ensevelie de son propre sang, alors que je lutte pour me détacher de ces chaînes qui m'arrachent un peu plus de peau chaque fois que je tente de m'en défaire.
Je ne vois que ses prunelles arrachées, poisseuses de sang, et fièrement exhibées par Khôl, la paume tendue en face de moi, prêt à caresser mon visage baigné de larmes.
Je suis désolée, Judas.
Tout s'est déroulé à une vitesse effrayante, et désormais, je demeure impuissante.
Lutte.
—Allons, porcinet. C'est toi qui m'a amené à faire ça.
Il saisit précipitamment mes paumes et les serre contre son visage, capturant mes iris entre les siennes alors que la confusion m'empêche de bouger, me reflétant toute la folie et la perversion qui l'habite, avant de les relâcher en un mince sourire.
—Si tu avais choisi de m'aider, j'aurais pu épargner l'enfant. Mais je vais devoir l'utiliser comme appât, maintenant que Jonas est parti les retrouver.
Sa voix est cinglante, pleine de reproches, mais vide de remords. Il me terrifie. Il m'a toujours terrifié. Mais quelque chose semble différent.
—C'est toi qui a planifié tout ça, Khôl ? demandé-je d'une voix plus douce, malgré le dégoût et la haine qui me nouent la gorge et se répandent en moi à une vitesse folle.
Ma cage thoracique brûle, vite suivie par tous mes membres. Je ne baisse pas les yeux, et malgré l'effort que ça me demande, je ne lui crache pas au visage non plus.
Soudainement, il cesse de triturer les prunelles de Judas, et les lance à l'autre bout du cachot, près des pieds du deuxième garde, toujours en état d'alerte.
Par chance, il n'a pas prit la peine d'amener plus d'hommes avec lui. Seulement Jonas, en route pour retrouver Elijah et Esme, et cet ancien militaire, dont le visage m'est également familier.
Il ne choisit que des rescapés de guerre parmi sa garde rapprochée. Que des hommes qui ont côtoyé la mort de près, et qui ne connaissent rien d'autre, pour ensuite les forcer à l'étreindre.
Il les a transformé, en pensant les avoir sauvé d'un quotidien pénible. Mais ces hommes là sont différents. Une fois arrivés au campement, ils avaient déjà renoncé à toute humanité. Ils n'ont jamais eu besoin d'un donneur d'ordres. Et encore moins de canines, pour répandre un chemin de sang.
Ce ne sont que d'anciens chiens de chasse, qui ne font plus la différence entre les vampires et les humains. Ils sont impossibles à dresser.
Et Khôl ne semble pas s'en rendre compte.
Lorsqu'il n'y aura plus d'ennemis en face, l'ennemi deviendra celui qui tient la laisse.
—Toi, commence-t-il gravement, sa silhouette se rapprochant davantage de la mienne, alors que je ne l'écoute pas.
Tout ce que je regarde, c'est Judas, étendu de tout son long, le visage en sang et à peine conscient. Je ne l'entends pas respirer, mais je sais qu'il vit.
Il a vécu bien pire.
Je peux sentir les battements de son coeur se ralentirent à sa guise, sans perdre son énergie pour autant. Il tente de les duper.
Même les yeux arrachés, j'ai le pressentiment que ces dons n'ont pas disparu. Bien au contraire.
Ce petit sorcier est puissant, j'en ai conscience. Mais je ne peux pas me reposer sur son talent. Je ne veux pas le mettre davantage en danger.
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𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.
Vampiro-❝ Tu ne sembles pas avoir saisi l'urgence de la situation, orpheline, alors laisse moi t'expliquer. Un vampire peut te revendiquer comme étant sienne dès l'instant où ses lèvres effleurent simplement les tiennes. À partir de ce jour-là, il écharpe...