Chapitre 15

8.3K 542 50
                                    

Point de vue Cassie

En voyant Niles, de l'extérieur, je ne pourrais pas me douter de ses goûts en matière de décoration. Peut-être que j'aurai tendance à imaginer un intérieur coloré, amusant, chaleureux, comme il l'est. J'imagine des tons orangers, des CD accrochés au mur à côté d'une guitare brisée en deux. Pourquoi pas un gant de baseball sur la table, au milieu, remplaçant l'habituel bouquet de fleurs. Ou n'importe quel objet de sport, s'il en préfère un autre. En définitive, j'imagine la maison de Niles avec de la vie et de la chaleur.

Bien loin, vraiment très loin, de la réalité. J'ai l'impression de me retrouver dans un hôpital dès que je dépasse la porte d'entrée. C'est froid et austère. Ce n'est pas seulement le manque de couleur, parce que l'intégralité des meubles et des murs sont blancs, mais aussi tous les objets présents : la bibliothèque pleine de livre médical, la table en verre, le canapé en cuir, puis surtout : le manque de télévision.

Évidemment, la maison est magnifique. De l'intérieur, comme de l'extérieur. La devanture paraît futuriste avec un crépi blanc et des grandes fenêtres et baies vitrées partout.

Dès mon premier pas, je m'immobilise. Je n'attends même pas qu'il dise quoi que ce soit pour abandonner mes chaussures et me retrouver en chaussettes. L'idée de déposer la moindre saleté dans ce lieu si pur me provoque des démangeaisons. Quand il me voit faire, il sourit, amusé, et sort deux paires de chaussons d'un tiroir.

C'est donc avec des chaussons bien chaud au pied que je découvre ce salon. Les seules touches de lumière proviennent du meuble télé (sans télé) noir et des plantes qui se dispersent un peu partout. Le tapis est blanc, sur un carrelage blanc, avec des meubles blancs. Tout est blanc.

En regardant Niles, j'ai l'impression de découvrir une nouvelle personne. L'homme si léger et drôle qu'il est tous les jours est en réalité plutôt rigoureux et sévère. Cette nouvelle part de lui m'étonne tellement que je le fixe, les yeux écarquillés. Quand il voit mon regard, il esquisse un sourire amusé et hausse les épaules.

— Tout le monde est surpris la première fois.

Il s'avance et accroche son cuir sur un portemanteau mural avant de se diriger vers la cuisine ouverte. Je le suis, timide et silencieuse, alors qu'il attrape une bouilloire et la remplit d'eau, puis relève enfin le regard vers moi.

— Tu préfères un thé ou un café ?

— Une tisane, c'est parfait, marmonné-je. Si tu as.

Il hoche la tête et ouvre un tiroir pour en sortir un présentoir à thé. Honnêtement, il pourrait sortir une mallette remplie de dix millions de dollars à la suite que je ne serais pas aussi choquée. Il dépose le petit meuble sur le bar et le pointe du menton.

— Choisis ce que tu veux.

Tout est bio, naturel et avec des goûts particuliers. Des thés verts, des thés noirs et des tisanes. Il y en a tellement que je passe plus de temps à regarder qu'à choisir, alors Niles finit par se pencher vers moi en souriant.

— La camomille permet de se détendre, mais il y a aussi le cataire, sinon il y a le patchouli, mais... il y a d'autres effets avec celui-ci. Et sinon il y a l'hibiscus.

— C'est quoi les autres effets ? Des effets indésirables ?

Il secoue la tête en esquissant un sourire amusé.

— Tu as choisi ?

— Pourquoi tu dis que le patchouli a d'autre effet ?

— Es-tu prête à prendre le risque ?

Black Bikers, Tome 2 : La brebis égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant