Black Bikers, Tome 2 : La brebis égarée

Chapitre 43

Point de vue Niles

Je ne peux m'empêcher de sourire bêtement en croisant le regard de Keir. J'ai rarement vu mon meilleur ami dans cet état. Il paraît soudainement stressé et heureux à la fois, comme s'il allait devoir sauter d'un avion en plein vol au-dessus d'une île remplie d'or.

— Keir... Keir... Keir...

Il plisse le regard alors que je m'effondre à côté de lui.

Nous sommes seuls depuis qu'Alex a décidé de rejoindre sa cousine. Il avait l'air excité et heureux pour elle, surtout en sachant qu'elle rejoint sa famille de cœur.

Depuis notre dernière rencontre, Alex et moi avons enterré la hache de guerre. Je sais qu'il regrette sa réaction envers Cassie et je comprends qu'il ait été surpris et énervé. Pour autant, il sait très bien aussi que s'il ose élever la voix devant Cassie à nouveau, il finira par se baigner dans son sang.

— Quoi ? marmonne Keir.

Je reviens à moi et esquisse un sourire en posant ma main dans sa nuque pour le pincer.

— Qui aurait pu prédire que tu finirais avec une femme comme Lia ?

Il arque un sourcil alors que j'éclate de rire.

— Ça veut dire quoi exactement ? Une femme « comme » Lia ?

— Complètement folle, indépendante, avec un caractère de merde et rancunière, énuméré-je.

Malgré la tentative d'agacement, il finit par esquisser un sourire en acquiesçant.

— Personne n'aurait pu prédire ça.

Keir a un caractère solitaire et loyal. Il autorise peu de personne à entrer dans sa bulle, mais une fois fait, il en devient très protecteur.

Voir Lia, qui grimace devant une promesse éternelle, accepter son cuir me rend perplexe et heureux à la fois. Ce couple est une énigme que j'ai encore du mal à comprendre.

— C'est fou, non ?

Je laisse ma tête tomber en arrière pour fixer le plafond alors qu'il esquisse un rire.

— Tu vas commencer à nous la faire dramatique ?

— Bien sûr que oui !

Je pousse un long soupir exagéré et pince sa nuque.

— On se connait depuis qu'on est gosse, Keir, et aujourd'hui tu as passé le cuir...

— S'il te plaît, accélère, j'ai autre chose à faire.

— Qu'est-ce que tu as d'autre à faire ? Je suis ton meilleur ami, mon frère, alors tu vas rester là et m'écouter larmoyer sur notre passé.

Je lui donne un coup derrière la nuque qui lui fait rouler les yeux, mais je peux voir son petit sourire en coin.

— Vas-y, je t'écoute.

Je reprends alors ma position avec un rire dans la gorge et recommence à soupire exagérément.

— Si j'avais su, il y a dix ans, que tu finirais enfin par donner ton cul à une seule personne...

Il éclate de rire et me donne un coup dans le ventre.

— Ça suffit, tu me soules !

— OK, OK !

Je ris en me redressant et finis par plonger mon regard dans le sien. En une seconde, tout mon amusement s'échappe alors que la réalité nous rattrape.