Chapitre 14

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Point de vue Cassie

Rentrer à Dallas me fait plus mal que je le pensais. Depuis mon retour, je regrette de ne pas avoir profité davantage de Lia. Me retrouver à nouveau seule chez moi me donne l'impression de ne plus avoir de vie : en dehors des études, du travail, je ne fais plus rien depuis une semaine.

D'un certain côté, ça me permet de penser à autre chose qu'à mes émotions et ma vie, mais j'ai l'impression d'être à deux doigts d'exploser. J'emmagasine tout sans comprendre que je suis juste fatiguée.

Alors que je suis à ma fenêtre en train de fumer, je regarde Browkie passer devant l'appartement et tourner en rond avant de retourner dans le parc où il s'allonge dans l'herbe. Après plusieurs minutes d'hésitation, je me décide à enfiler une veste pour le rejoindre. En dix minutes, personne ne s'est arrêté pour le cajoler ou lui donner la moindre attention.

Quand il me voit arriver, il court vers moi en se frottant à mes jambes et en me sautant dessus. Je ris et le caresse avant de me laisser tomber à côté de lui. En sentant l'odeur de mes poches, je vois son museau s'y glisser et je finis par sortir le bout de jambon que je lui ai ramené.

— Doucement, tu vas me bouffer la main ! Assis, Browkie. Allez, assis !

Il lui faut de longues secondes pour m'obéir, préférant renifler mes mains et lécher ma peau. Je finis malgré tout par lui faire comprendre de s'asseoir et je souris en le caressant tout en lui donnant sa friandise. Il la dévore en une seconde et en réclame encore, alors que je secoue la tête.

— C'était déjà mon dîner de ce soir, tu veux que je meure de faim ?

Il aboie et s'allonge sur moi.

Installée dans le parc, je prends le temps de savourer le calme autour de moi alors qu'il se met à gigoter. Depuis que j'ai emménagé ici, je viens souvent pour lui tenir compagnie. Je pense que c'est un chien abandonné, il n'a aucun collier et il dort dans le parc pratiquement toutes les nuits.

J'ai commencé à l'appeler Browkie à cause de son pelage : il ressemble à un mélange entre un brownie et un cookie, mêlant l'or et le brun, avec des petites taches de marrons un peu partout.

Je sors mon portable pour faire une vidéo et l'envoyer à Lia. On y voit Browkie en train d'enfoncer sa tête dans mon ventre pour quémander des caresses tout en grognant doucement. Il est en manque d'affection et si mon appartement n'était pas aussi petit, je l'aurais adopté. Malheureusement, je n'ai ni les moyens ni la place pour m'occuper de lui. Cependant, je peux lui donner toutes les caresses dont il a besoin, quand il veut. Je suppose aussi qu'il trouve plus facilement à manger avec la charité des autres qu'en attendant seulement après moi.

Quand je retournerais à Whitesboro, à la fin de mes études, je ferais tout pour acheter une maison avec un jardin et pouvoir le ramener avec moi. Il est encore jeune, il doit avoir tout juste un an voire deux, alors je suis sûre qu'il pourra m'attendre. Si personne ne l'adopte entre-temps.

Parfois j'ai envie de le déposer dans un refuge, pour qu'il se fasse adopter, qu'il ait une maison et se sente moins seule. Égoïstement, je ne le fais jamais. Il est la seule chose qui m'apporte du réconfort quand j'en ai besoin et j'ai souvent l'impression qu'il m'aime vraiment.

Quand je le regarde par la fenêtre, il ne fait pas de câlin à n'importe qui. Il ne semble heureux que lorsque c'est moi qui vais le voir. Peut-être que j'espère trop de choses, mais je sais aussi à quel point un chien est loyal. Souvent, je me dis qu'il est le seul à m'aimer vraiment. Alors je ne peux pas imaginer qu'il puisse être adopté par quelqu'un d'autre.

Black Bikers, Tome 2 : La brebis égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant