Black Bikers, Tome 2 : La brebis égarée

Chapitre 53

Point de vue Cassie

Le temps passe trop vite, nous sommes déjà dimanche. Aujourd'hui, c'est notre dernier réveil dans le ranch de Niles, notre dernière marche jusqu'au ranch de ses parents, notre dernier repas tous ensemble, notre dernière journée à Seguin. Je sens déjà les larmes me monter alors que nous sommes encore à table pour le dessert, mais à force de parler, il est bientôt seize heures et l'heure du départ approche dangereusement.

Heureusement, Niles a été appelé au QG pour saluer les membres de Seguin et n'est sûrement pas prêt de revenir, alors je peux profiter encore quelques longues minutes de l'apaisement que me procure ma vie ici.

Passer du temps avec Rachel me manquera. Elle est une personne douce, apaisante et amusante. Elle me fait mourir de rire et m'apprend à la fois tellement de chose... Elle me manquera, tout simplement.

Mais alors que je me lève pour l'aider à débarrasser, je prends conscience que même son froncement de sourcil me manquera.

— Ne bouge pas tes fesses de cette chaise, Cassie Stone ! C'est ton dernier jour, tu ne bouges pas d'ici. Tu te reposes avant de prendre la route !

— Ce n'est que quatre heures de route... m'enquis-je.

— Je m'en fiche, jeune fille. Je veux que tu sois reposée !

— Mais ce n'est pas moi qui...

Son nouveau froncement de sourcil et son levé d'index ont le mérite de me faire taire, et je finis par acquiescer tout en baissant les yeux sur la table.

Je n'ai jamais connu une mère attentive et affectueuse ainsi, mais ça me fait tellement plaisir que je sens mes joues se mettre à chauffer.

Elle me traite vraiment comme une personne de sa famille...

Alors, quand elle débarrasse l'intégralité de la table et s'enferme dans sa cuisine pour faire la vaisselle, je me retrouve seule à table avec Christopher.

Depuis mon arrivée, la semaine dernière, je n'ai jamais vraiment discuté avec lui. Nous nous saluons les matins, nous souhaitons bonne nuit le soir, bon appétit quand on mange ensemble, et nous nous arrêtons là.

J'ai l'impression qu'il continue de me jauger. Il n'est pas particulièrement désagréable, mais froid. Alors qu'il ressemble tant à Niles, me retrouver confronter à son ignorance est douloureux pour moi, d'autant plus quand il paraît m'ignorer la plupart du temps.

Je ne pense pas qu'il me déteste, mais il ne semble pas vouloir s'intéresser à moi. Lorsque j'en ai parlé avec Niles, hier soir, il a tenté de me rassurer, mais ça ne veut pas quitter mon esprit. Même s'il me confie que son père n'est pas très bavard, comme Keir... Je n'aime pas ça non plus.

J'ai réussi à amadouer Keir... Je veux amadouer mon nouveau beau-père.

Mais ça ne marche pas beaucoup.

Pourtant, je ne perds pas espoir et me racle la gorge en lui lançant un regard en sirotant mon café.

Il doit bien voir à quel point il m'impressionne. Dans son attitude, il est bien loin d'être aussi chaleureux et tendre que Niles, mais quand je le vois agir avec sa femme, j'y retrouve un bout de lui malgré tout. C'est ça qui me fascine, au fond. Il paraît si froid, si nonchalant, si fermé, et pourtant si doux avec sa femme.

— Comment avez-vous rencontré votre femme ?

Il relève doucement la tête de son journal et me regarde. Je déglutis, réalisant peut-être que ce n'était pas le bon moment pour lui parler, mais finalement, il plie son journal et se réinstalle dans sa chaise en poussant un petit soupir.