Chapitre 46

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Point de vue Cassie

Je n'arrive pas à bouger alors que mon monde se met soudainement à tourner autour de moi. Je cligne des cils et relève la tête vers Samuel, l'avocat des Black Bikers.

Je ne sens plus rien, simplement cette rage qui gonfle en moi et qui me prépare à commettre l'irréparable. Je n'arrive plus à me contrôler et je dois prendre plusieurs longues inspirations pour me permettre d'articuler le moindre mot.

— Donc, vous êtes en train de me dire que même si je porte plainte, ça ne changera rien à cause du délai de prescription ? C'est bien ça ? Et, au pire des cas, même si j'arrive à dire quoi que ce soit, ça sera une amende de merde à payer ?

Je frotte mes paupières et secoue la tête.

— Donc, repris-je. Vous êtes en train de me dire que j'ai été frappé pendant pratiquement sept ans par ces monstres et parce que j'ai eu trop peur de le dire à l'époque, je ne peux plus rien faire aujourd'hui ?

Je les entends me répondre, autant Samuel que le président et même Niles. Je les entends essayer de me réconforter alors que mon monde s'écroule autour de moi. La haine que j'éprouve soudainement contre moi-même est si puissante que j'ai envie de vomir.

Je finis par me lever en titubant, à deux doigts de courir vers les toilettes. Du moins, c'est ce qu'ils doivent penser, parce que je vois Niles me rattraper. Quand j'enroule mes bras autour de lui pour rester ancrer dans la réalité, quelque chose de frais me fait frissonner dans son dos.

Je sais que c'est une erreur, que je ne devrais pas faire ça, mais je n'arrive plus à faire entendre la voix de la raison dans ma tête. Je ne supporte plus tout ça et je ne peux plus rester ici à rien faire. Comme je l'ai dit, si je dois finir en prison, j'emporterai Monsieur Becker à mes côtés. En l'occurrence, dans la tombe s'il le faut.

— Je suis désolée.

Mon murmure dans l'oreille de Niles lui fait froncer les sourcils et je sens son corps se tendre sous moi, au moment où j'attrape les crosses de ses armes et les retire de son jean pour les pointer sur lui.

Il ne bouge pas alors que mon cœur s'emballe dans ma poitrine et je ne fais que secouer la tête en reculant d'un pas. Dans le coin de la pièce, je vois Lia se redresser et avancer d'un pas, mais je secoue la tête.

Je suis heureuse que Niles ait demandé à tous les Black Bikers de quitter la maison avant d'appeler l'avocat, ça fait moins de personnes à gérer. Alors je me retourne vers Keir, Alex, Spencer, l'avocat et le président Black et pousse un soupir.

— Je suis désolée, répété-je.

Lia s'avance d'un nouveau pas et je finis par pointer une arme dans sa direction. Je ne vois aucune crainte dans son regard quand elle continue de venir vers moi et cette fois, je change de direction. Je tourne l'arme vers mon menton et attends.

Son corps s'immobilise.

— Ne me suivez pas. Laissez-moi gérer cette histoire. J'en ai besoin.

Je recule de plusieurs pas, une arme toujours pointée vers eux alors que l'autre est sous mon visage, prête à me faire éclater la cervelle.

Une fois dehors, je pousse un long soupir et pointe l'arme vers les motos. Je tire dans chaque roue arrière et me précipite vers ma voiture pour me mettre à conduire vers cette adresse que je connais pour y avoir vécu la plupart de ma vie.

Je ne réalise pas vraiment ce que je suis en train de faire, je me sens dans un état second. Pourtant, j'adore ressentir ce détachement émotionnel alors que je retourne directement dans l'antre de tous mes cauchemars.

Black Bikers, Tome 2 : La brebis égaréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant