Black Bikers, Tome 2 : La brebis égarée

Chapitre 41

Point de vue Cassie

Le Cocyte n'est pas du tout comme la Géhenne. Du moins, de l'extérieur. C'est un bâtiment qui ressemble à une maison, dans une ruelle peu fréquentée, où se garer est un réel problème pour les voitures. Évidemment, il y a un parking pour les motos, mais nous, pauvre mortel, nous retrouvons embêtés. Alors j'ai dû me garer sur un trottoir, en espérant que les flics ne viennent pas rôder par ici cette nuit, avant d'enfin sortir de la voiture.

Lorsque j'avance, je vois que de nombreuses personnes restent dans la ruelle pour fumer des cigarettes et même parler en groupe. J'en vois certain partir avec une brebis ou deux sous le bras en direction de la rue et me retrouver entouré d'autant de Black Bikers produit un effet assez étrange sur moi.

J'ai l'impression de replonger dans mes belles années de Whitesboro et un sentiment doux-amer m'envahit. Je me sens à la fois en sécurité et prise pour cible... Heureusement, je reprends mon souffle et me ressaisis rapidement.

Tout va bien. C'est Dallas et je ne suis plus la même personne. Je ne mens plus. Je suis moi.

Alors, je m'engage en direction de la porte. Après cette semaine de révision intense et d'examen, je suis heureuse d'être ici. J'ai réussi à faire en sorte de ne pas travailler demain pour pouvoir profiter comme il se doit de cette sortie entre fille et il me tarde de rejoindre Isabelle et Sadie, parce qu'elles m'attendent déjà à l'intérieur.

Malheureusement, quand j'accède à l'entrée, je me retrouve confrontée à un grand homme qui me barre la route. Ses épaules sont assez larges pour cacher l'intégralité de la porte et je recule aussitôt d'un pas en fronçant les sourcils.

— Ce n'est pas autorisé aux civils ce soir.

Je suis tellement habituée à être connue à Whitesboro que j'en avais oublié que j'étais une parfaite inconnue ici. Je croise alors les bras sur ma poitrine et fais la moue.

— Je suis attendue par mes amies. Isabelle et Sadie, je ne sais pas si tu les...

— Tant mieux si tu es attendue, mais tu ne pourras pas rentrer. Ce n'est pas autorisé aux civils.

Je me sens légèrement humiliée d'être rejetée comme ça, d'autant plus que je vois plusieurs têtes se tourner vers nous pour m'observer, moi, l'inconnue qui tente de rentrer. Je grogne et secoue la tête.

J'ai bien envie de lui dire que je ne suis pas qu'une civile, mais c'est pourtant le cas. Je ne suis pas la régulière de Niles, ni même quiconque par rapport au club. Je ne me considère plus comme une brebis, alors je reste bêtement debout devant lui.

Ce n'est que lorsque je sens un bras s'enrouler autour de mes épaules que je reviens à moi. Un homme, évidemment un Black Bikers, me presse contre lui avec un sourire charmeur.

— Elle peut rentrer avec moi, ça sera mon quatre-heures.

Je sens la fureur m'envahir quand il fait un clin d'œil à l'homme qui sécurise l'entrée que je vois rouler des yeux devant l'attitude de son frère.

La colère me brûle l'estomac alors avant de pouvoir réfléchir, je tords le bras de l'homme à côté de moi et me retourne vers lui en levant mon index pour lui frapper le torse.

— Je ne suis pas une brebis, alors tu peux garder tes remarques de débiles et ton putain de bras.

L'homme face à moi semble à la fois surpris et honteux, parce que je le vois rougir alors que j'entends des rires camouflés derrière lui. Mais je ne change rien à mon attitude et secoue la tête en grognant, avant de lâcher son poignet et me retourner à nouveau vers l'homme qui fait la sécurité.