Black Bikers, Tome 2 : La brebis égarée

Chapitre 8

Point de vue Niles

La rage continue de pulser dans mes veines alors que je sors mon portable de ma poche.

Des multitudes d'images se superposent dans mon esprit. Le corps de Cassie couvert de bleus, les photos prisent à Seguin lorsqu'Olivia a quitté l'appartement où elle était séquestrée avec son ex, le sourire de Cassie et celui d'Olivia.

Quelque chose brule dans ma poitrine.

C'est si douloureux, si puissant, que je n'arrive plus à me contrôler.

Olivia était ma sœur. J'ai grandi avec elle et elle a toujours été l'image parfaite de la petite sœur chiante et agaçante que j'ai toujours rêvé d'avoir.

On passait notre temps à se chamailler. Alors que nous étions chacun enfant unique, nous retrouvions chez l'autre quelque chose qui nous manquait. Tout comme Keir est devenu mon frère un peu trop taciturne et protecteur.

Nous formions une belle bande depuis notre naissance jusqu'à aujourd'hui. Même si Olivia nous a quitté. Son souvenir reste et restera toujours.

Keir était la nuit, celui vers qui on courrait pour parler et s'épancher sans craindre le moindre jugement. Lisa était l'aurore, celle qui nous accueille pour la nouvelle journée, celle qui nous donne envie de nous lever le matin. J'ai toujours été la journée, le soleil, la lumière, toujours trop excité et trop en forme pour la plupart du monde. Olivia était notre crépuscule, ce moment doux et tendre qui nous accompagne dans le sommeil, mais elle était aussi cette partie de folie qui éclate, comme une fête au coucher de soleil.

C'était nous. Les quatre inséparables.

Mais Olivia est morte aujourd'hui et je n'arrive plus à le gérer. Même si je fais semblant, même si je le cache, plus rien n'est comme avant.

Alors, lorsque je repense à Cassie, j'ai trop d'émotion qui se mélange en moi et me donne envie de hurler. Je déteste qu'elle ait vécu tout ça, mais par-dessus tout, je déteste le simple fait qu'elle s'imagine le mériter.

Bien que je voie énormément d'Olivia dans cette situation, ce n'est pas la même chose.

Olivia était ma sœur, un bout de mon âme, une part de moi.

Cassie m'inspire quelque chose d'autre. Je n'ai pas envie de la protéger comme une petite sœur. Je n'ai pas envie de la voir être heureuse ailleurs.

Non.

Je veux la rendre heureuse moi-même. Je veux qu'elle veuille de moi, qu'elle m'accepte et m'autorise à être à ses côtés.

Tandis que je laissais Olivia se reconstruire à son rythme, que j'espérais qu'elle aille mieux, que je rêvais de la voir retrouver le bonheur un jour... Je ne me suis jamais vu être la personne avec qui elle finirait sa vie.

Quand j'y pense, je l'imaginais retourner définitivement à Seguin, prendre une petite maison à côté de celle de ses parents, avoir un gros chien protecteur et câlin, un mari aimant et deux enfants. Deux enfants qui agiraient comme nous. Qui se chamailleraient et s'amuserait, mais s'aimeraient plus que tout au monde.

Alors que lorsque je vois Cassie, que j'imagine son futur, c'est à mes côtés que je la veux.

Après des mois à l'avoir découverte à travers les histoires de Lia et ses photos, je découvre quelque chose qui bout en moi, tapi au fond de mon estomac.

Elle m'obsède.

Sa joie vibrante, son grand sourire, le pétillement de ses yeux et son rire qui déborde et fait grésiller le son de la télé de Lia... Tout ça me donne envie de rester avec elle et de la protéger pour qu'elle soit ainsi toute sa vie.