Chapitre 8

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"Et ne pas, quand viendra la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu."

Le cercle des poètes disparus.


J'ai passé toute la nuit enfermée dans l'appartement puisque Nathan a pris mon jeu de clés pour être sûr que je ne sorte pas.
J'ai bien envisagé de sauter par la fenêtre mais du sixième étage, je ne donne pas cher de ma peau à l'atterrissage.

J'ai donc eu le temps de cogiter et d'analyser et ce matin en me réveillant, j'avais décidé de quitter Nathan ! J'ai même commencé à remplir ma valise avant de changer d'avis parce-que je suis trop amoureuse de lui pour me résoudre à souffrir du manque de sa présence.

Comme hier, Chris est venu me demander qu'on déjeune ensemble et je suis en train de tout lui raconter alors qu'on se balade dans Central Park après avoir mangé des hot-dogs.

- Si tu veux qu'on arrête de se voir...

- Non ! Le coupé-je durement. On ne fait rien de mal à ce que je sache.

- Je ne veux pas être la source de tes problèmes.

- C'est Nathan le problème, pas toi. Je ne peux rien faire, c'est comme si ma vie était en train de m'échapper sans que je puisse avoir le moindre contrôle dessus.

- Ferme les yeux.

- Pourquoi ?

- Fais ce que je te dis ! M'intime t-il en haussant les sourcils.

Je m'arrête de marcher et je souffle un bon coup en accédant à sa demande.

- Imagine toi dans dix ans. Pense à la personne que tu voudrais être, à qui t'entoure, ce que tu as déjà accomplie en partant d'aujourd'hui.

Il me parle tout doucement et si près de moi que je peux sentir son souffle sur le sommet de mon crâne. Je fais le vide dans mon esprit et tente de vraiment visualiser tout ça.

Dans dix ans, je ne me vois absolument pas continuer à mener cette vie là. Je m'imagine aisément assise dans l'herbe d'un parc avec Debbie à discuter pendant que nos enfants, d'à peu près du même âge, jouent ensemble. J'ai quitté Nathan depuis longtemps et je suis avec quelqu'un qui me rend heureuse comme je ne l'aurais jamais imaginé.

- C'est un samedi matin et l'air frais tape sur mon visage alors que je raconte à Debbie ma semaine de folie au travail. J'ai un job qui me plaît maintenant, je suis heureuse et on s'est retrouvé comme si notre dispute n'avait rien changé.

Je réouvre les yeux et je ne peux pas empêcher une larme de couler au coin de mon œil. C'est affreux comme ma sœur me manque.

- Qui est Debbie ?

- C'est ma sœur. En fait c'est la fille de Susan, la femme que mon père a épousé quand j'étais enfant, mais je l'ai toujours considérée comme ma sœur.

ShelbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant