Chapitre 3

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"T'es littéralement trop con pour qu'on t'insulte !"

Very bad trip

Je tourne la clé dans la serrure et me voilà de retour à mon point de départ.
J'aimerais que ce soit facile, la vie. Que ce soit simple de quitter Nathan, lui dire un matin que c'est fini et qu'il s'en aille de chez moi. Mon père m'a payé cet appartement quand j'ai été accepté à Columbia, il était tellement fier que sa fille suive ses traces en étudiant dans la même université que lui.
C'est là-bas qu'il a fait médecine et il a toujours tout mis en œuvre pour que j'y sois acceptée moi aussi.
Mais il ne voulait pas que je vive sur le campus, c'était trop de distraction selon lui et c'est vrai, j'adorais faire la fête !

Heureusement pour lui, il n'a pas eu à voir ce que j'ai fait de ma vie puisque il est mort huit mois plus tard dans un accident de voiture. Il était chirurgien et un chauffard ivre lui a coupé la route alors qu'il rentrait de sa garde. Ça a été rapide, il est mort sur le coup et je préfère autant, il n'a pas souffert. C'est comme ça que je me suis retrouvée plus seule que jamais, ma mère est partie quand je n'étais qu'un bébé, elle n'avait pas vraiment la fibre maternelle. Mais je n'ai manqué de rien, mon père a assumé les deux rôles et sa présence me suffisait amplement, mais tout à une fin, sa vie aussi.

S'il savait que je subi plutôt que d'agir, il me prendrait par les épaules en me secouant vivement pour que je retrouve mes esprits, il a toujours dit que l'amour ne faisait pas tout. Et aujourd'hui il me dirait certainement que Nathan n'est pas quelqu'un pour moi et qu'il gâche ma vie. Mais moi je ne suis pas comme mon père, je pardonne tout par amour.

J'avais aussi une sœur, enfin j'avais, non je l'ai toujours mais elle ne me parle plus et sa présence me manque atrocement.
Mon père s'est remarié quand j'ai eu dix ans, avec sa femme est arrivée Debbie, une vraie peste pourrie gâtée par son père mais qui avait juste besoin d'une famille unie. C'est ce que mon père et Susan nous ont offert et s'il nous voyait maintenant... Mon Dieu qu'il aurait honte.
Susan essaye toujours de garder le contact avec moi, je n'arrive pas à la regarder, lui parler sans avoir l'impression de lui faire constamment pitié.
C'est aussi pour elle que je fais ça, elle ne le dira jamais mais elle a du mal à me regarder en face étant donné que je suis le portrait craché de mon père.

Je n'oublierais jamais le jour où j'ai appris sa mort, Nathan était avec moi et quand j'ai senti le sol se dérober sous mes pieds en voyant deux policiers devant ma porte, il m'a soutenu. Il m'a réconforter pendant des mois et puis un jour il a dit qu'il en avait assez de m'entendre pleurer, que je devais passer à autre chose. Ce n'est pas l'empathie qui l'étouffe à lui.
Seule Debbie comprenait ce que je vivais puisque au fil des années mon père était aussi devenu le sien. Mais Nathan a réussi à l'éloigner de moi alors je suis toute seule face à ma peine.

Il est quatre heures du matin et j'entends qu'il a du mal à mettre la clé dans la serrure, il doit être complètement torché. Je cours jusqu'à la chambre et me glisse sous les draps pour faire semblant de dormir et éviter une discussion, je déteste quand il boit, il devient méchant.

Il trouve enfin la serrure et claque la porte. Je l'entends jeter ses chaussures n'importe où, ainsi que ses vêtements.

Il se couche à côté de moi et je sens ses mains se balader sur mon corps mais je ne bouge pas, quand il est ivre il s'endort rapidement alors je sais que ça ne durera pas et je préfère continuer mon faux sommeil.

ShelbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant