Chapitre 6

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"Ne laisse jamais personne te dire que tu n’en es pas capable, pas même moi. Compris ? Si tu as un rêve, tu dois le protéger. Tu verras que les gens incapables d’y arriver feront tout pour te décourager. Si tu veux vraiment quelque chose, t’as qu’à te battre, point barre."

À la recherche du bonheur.

Je passe à peine la porte de l'appartement que j'aurais presque envie de faire demi tour.
Nathan est en train de jouer et comme d'habitude il s'énerve car il perd, il se lève et éteint la télé avant de taper dessus. Je n'en peux plus de l'entendre crier toute la journée, parfois je rêve presque d'un cambriolage pour que cette affreuse console nous quitte, mais avec la chance que j'ai, on volera seulement mes culottes.

- Salut, ta journée s'est bien passée ? Me demande t-il en me voyant.

- Comme toutes les autres.

- Je ne sais même pas pourquoi tu travailles, ton père nous a laissé plein de thunes !

- Comment ça, "nous" ? M'énervé-je en jetant mon sac sur la table, sachant très bien où il veut en venir.

- Bah on est ensemble, c'est normal de partager ! D'ailleurs en parlant de ça il faut que tu me fasses un virement de trente milles dollars.

- Non ! Cet argent était pour mes études que tu n'as pas voulu que je continue. Je ne vais pas le dilapider pour tes conneries !

- Et qu'est-ce que tu vas en faire alors, le laisser pourrir à la banque ?

- J'en ferais quelque chose de vraiment utile. J'ai assez payé tes petits caprices, tu ne crois pas ?

- Qu'est-ce qu'il te prend là ?

- Il me prend que j'en ai assez de dire oui à tout, de payer tes voitures, tes jeux et tes sorties ! Tu veux de l'argent, va bosser !

Je m'enferme dans la chambre sans lui laisser l'opportunité de me suivre. Pour moi cette discussion est close et je n'ai pas besoin d'y revenir dessus.

Je lui ai toujours tout payé parce-que je ne voulais pas de disputes mais là j'en ai marre.
J'en ai marre parce-que cet argent était destiné à réaliser mes rêves et au lieu de ça je le dépense pour quelqu'un d'autre.

J'ai arrêté mes études bêtement parce-que Nathan m'y a poussé et que le décès de mon père m'a fait couler et je n'ai tout simplement pas réussi à sortir la tête de l'eau à temps. Si je l'avais fait, j'aurais tenu tête à Nathan. Mais j'ai appris depuis longtemps qu'on ne change pas les événements du passé et qu'il est inutile de s'enfermer dans une spirale infernale de reproches.

Il y a encore quelques jours, je lui aurais donné l'argent qu'il me demande. Ça ne m'aurait pas fait plaisir, j'aurais sans doute trouvé ça exagéré mais je l'aurais fait.
Aujourd'hui est peut-être la goutte de trop, j'aimerais qu'il prenne conscience que les choses doivent changer.
Il ne veut pas travailler, enfin ce n'est pas exact. Il voudrait trouver un travail avec des horaires souples, pas fatiguant et où personne ne lui dirait ce qu'il a à faire. Mais ce genre de boulot n'existe pas, ou alors je n'en ai pas connaissance.
Quoi qu'il en soit, à partir de maintenant si il veut quelque chose, il n'aura qu'à se le payer.

ShelbyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant