Shelby

Chapitre 30

"Tout est provisoire : l'amour, l'art, la planète Terre, vous, moi. La mort est tellement inéluctable qu'elle prend tout le monde par surprise. Comment savoir si cette journée n'est pas la dernière ? On croit qu'on a le temps. Et puis tout d'un coup, ça y'est, on se noie, fin du temps réglementaire.
La mort est le seul rendez vous qui ne soit pas noté dans votre organizer."

99 F

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J'ai essayé, vraiment essayé de cacher ma mine affreuse avec du maquillage mais ça n'a pas tellement fonctionné et je ne ressemble à rien aujourd'hui.
J'ai pu dormir le temps où le somnifère a fait effet mais à trois heures du matin, j'avais les yeux grands ouverts et le cerveau qui tournait à plein régime.
Je ne sais pas encore si je vais oser confronter Karen. Après tout, j'ai eu une vie heureuse, elle ne m'a jamais manqué et je n'ai jamais ressenti le besoin de la voir.
C'est peut-être ces non-dit qui m'empêchent de laisser toute cette histoire derrière moi.

Je devrais aller lui parler mais je ne sais pas comment aborder le sujet. Je ne peux pas débarquer chez elle en lui disant "Eh, tu te souviens de moi ? Je suis la fille que tu as eu il y a vingt-et-un ans, pourquoi t'es partie ?" Non, vraiment ce ne sont pas des choses qui se font.

Je tente de me concentrer sur mon travail mais si ma tête est occupée par ma mère, elle l'est aussi par Chris. Il m'a envoyé plusieurs messages dans la matinée auxquels je n'ai pas répondu.
Ce n'est pas vraiment que je suis en colère contre lui, si je me mets à sa place je sais qu'il n'avait pas de mauvaises intentions, c'est juste que je suis déçue de ne pas avoir été écoutée, encore une fois.
Il n'a rien avoir avec Nathan et j'en suis convaincue, mais je n'ai pas besoin qu'on agisse dans mon intérêt.

- Sebastian veut te voir dans son bureau. M'annonce Billy, un jeune stagiaire.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas, il m'a juste envoyé te chercher.

Je souffle et marche nonchalamment vers le bureau de Sebastian.
Je toque et entre avant même qu'on me le dise.

- Vous vouliez me voir ? Demandé-je en essayant de paraître polie.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas ? S'inquiète t-il.

- Tout va très bien.

- Non je ne crois pas. Vous avez l'air ailleurs depuis ce matin et Chris vient de m'appeler pour savoir si vous étiez venu travailler.

Je fais la moue avant de m'asseoir sur la chaise face à son bureau, ma main gauche frottant mon front.

- On s'est disputés. Je devrais faire en sorte que ça n'interfère pas dans mon travail mais c'est très difficile.

- Vous auriez pu prendre votre journée...

- Pour rester dans mon lit à pleurer ? Non merci.