Tout au bord du monde

CHAPITRE 25 - Le secret d'Eglantine Zabini

Dans un simple réflexe irréfléchi, je revins me dissimuler derrière la porte qui n'était pas complètement close, ce qui me permit de voir entre les gonds la discussion qui animait Zarbini et Malefoy. Pourquoi est-ce qu'ils parlaient de moi ?

— ... avec Rose Weasley aujourd'hui ?! accusa la voix de la métisse.

— N'essaie pas de changer de sujet, Eglantine, coupa Malefoy d'une voix autoritaire. Je t'ai vue disparaître à chaque fois que tu venais de porter quelque chose à ta bouche. Si tu crois que je ne sais pas ce que ça veut dire... Tu dois me dire si tu recommences à... tu sais...

La cuisine était d'un blanc immaculé. Les parties qui servaient à la préparation des repas étaient recouvertes d'aluminium et un îlot central massif servait à la fois de plan de travail et de table-bar. Scorpius se tenait derrière ce dernier, ses mains à plat sur la surface brillante, si bien qu'il était en face de moi ; tandis que je ne voyais que le dos de Zabini, installée sur l'une des chaises hautes. L'espace d'une seconde, je craignis que le blond albinos ne m'aperçoive. Il dominait la pièce comme s'il essayait de contrôler une situation, ou en l'occurrence ici, une personne. Cependant, bien qu'elle soit assise, la brune ne se laissait absolument pas démonter par la présence du Serpentard.

— Arrête de me donner des ordres Scorpius, rétorqua-t-elle aussitôt. Il faut toujours que tu cherches à maîtriser les autres. Je commence à comprendre pourquoi Weasley en a ras le bol de toi.

J'eus un élan de sympathie pour elle et me mordis la lèvre en guettant la réaction de Malefoy face à une telle attaque.

— Sommes-nous obligés de parler d'elle ? lâcha-t-il dans un soupir las.

Humph. Quel charmant gentleman...

— Elle m'a dit que tu as cassé le vase en cristal que ton père avait offert à ta mère. Cela ne te ressemble pas de perdre ton calme à ce point Scorpius.

— Elle a le don de me faire sortir de mes gonds.

— Qu'est-ce qu'elle t'a encore fait ? souffla Zabini.

— Allez, balance Scorpius, insista-t-elle. Tu sais que je finirais par le savoir de toute façon. Alors, c'était quoi cette fois ? Elle t'a fait une nouvelle crise de jalousie ?

J'ignorais quelle image Zabini avait de moi, mais elle n'était de toute évidence pas très reluisante.

— J'aurais préféré, maugréa-t-il.

La brune marqua une pause, comme si elle commençait à faire les connexions. Elle n'était peut-être pas si stupide en fin de compte.

— C'est toi qui lui as fait une crise de jalousie ? s'exclama-t-elle, incrédule.

Il lui lança un regard assassin. J'aurais sûrement émis un petit sourire satisfait si je n'avais pas encore eu la vengeance de Scorpius gravée dans ma mémoire. Je serrai les dents.

— Elle a fait une connerie et je l'ai punie.

Il avait dit cela sur un ton très sec, espérant sûrement qu'elle arrêterait là ses interrogations.

— Qu'est-ce que tu as fait ?

— Ça suffit Eglantine. Cela ne te regarde pas, coupa-t-il court.

— Tu sais que je suis de bon conseil, continua-t-elle.

— Je ne veux pas de tes conseils. Je m'en sors très bien.

— Dans ce cas, qu'est-ce que tu fous avec elle ? Et ne me prends pas pour une idiote Scorpius, je sais que votre relation va bien au-delà de l'entraide en Potions. Peut-être que vos regards langoureux ont échappé à tout le monde, mais certainement pas à moi.