ÉPILOGUE

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10 mois plus tard.

Je suis dans la cuisine de mes parents, en train de prendre mon petit déjeuner. Mon père est assis en face de moi, son crâne dégarni luisant dans sa tasse alors qu'il est penché sur la table pour lire le journal. Ma mère entre alors, beurre un toast qui sort du grille-pain, et embrasse rapidement mon père. Ce geste ne me remplit plus de dégoût et de jalousie. Pour la première fois depuis des années, je suis enfin là où j'appartiens. À ma place.

— Bonjour tout le monde ! lance-t-elle gaiement. Qu'avez-vous prévu pour aujourd'hui ?

— Je pensais aller faire un tour de balai avec Harry.

— Ron, tu crois vraiment que c'est une bonne idée ? Avec ta hernie...

— Hermione, interrompt mon père, rodé par des années de dispute du même acabit. Je te l'ai dit des centaines de fois. Tu t'inquiètes trop.

— Mais...

— Bon, et toi, Rose, m'interroge-t-il pour détourner l'attention de sa personne. Que vas-tu faire en ce dimanche ensoleillé ?

Je soupire, l'estomac noué. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de la mort d'Eglantine. Je veux aller sur sa tombe, pour déposer des fleurs, et les lettres qu'elle m'a envoyées. Dire au revoir, pour de bon. Cela fait partie de ma thérapie pour mon nouveau départ. La dernière fois que j'ai vu la Docteure Weiss, elle a dit des mots qui continuent de résonner en moi comme un écho et qui ne cessent de me donner matière à réflexion.

« La colère, Miss Weasley, c'est à vous qu'elle fait du mal. »

J'en tremble rien que d'y repenser. Mais la Docteure Weiss a raison. Il est temps pour moi de tourner la page.

— Rose ? fait ma mère, me rappelant à l'ordre, vérifiant probablement que tout va bien.

Je lève la tête vers elle.

— C'est l'anniversaire de la mort d'Eglantine aujourd'hui, je lui apprends, la gorge nouée.

En fait, j'ai du mal à parler. J'ai le cœur trop lourd, je ne peux pas m'empêcher de me dire que je ne suis, en fait, jamais allée sur la tombe de ma meilleure amie. Et je m'en veux.

— Oh.

Elle m'adresse un sourire compatissant.

— Est-ce que tu as besoin de quoi que ce soit ?

Je me retiens de justesse de dire du whisky, mais ce serait ruiner les efforts de cette dernière année. Et je ne sais pas si je pourrais m'y résoudre. J'ai travaillé trop dur pour en arriver là. J'en ai trop chié pour abandonner maintenant.

— Non, je vais juste aller sur sa tombe, je pense. Et passer la journée seule.

Elle hoche la tête. Mon père guette la moindre de mes réactions avec prudence, en me regardant par-dessus ses lunettes de lecture. Il nous aura fallu du temps, mais nous nous sommes finalement tous les deux bien ajustés à la présence l'un de l'autre quand je suis revenue dans la maison de mon enfance.

— Hum.

— N'hésite pas si tu as besoin, d'accord ?

Je hoche la tête.

— Promis.

La chouette apportant le courrier arrive alors, retenant l'attention de mes parents ailleurs.

— Ah, Hugo et Norah viennent nous voir à la fin de la semaine ! s'exclame ma mère, enchantée.

Elle les adore. En même temps, mon frère a bien changé depuis qu'il est parti vivre en Irlande. Il m'a été d'un soutien insoupçonné ces derniers mois, m'aidant à déménager mes affaires de chez Jackson jusque chez mes parents sans me poser la moindre question. J'aime beaucoup Norah également. Une drôle d'énergie anime la moldu, mais de toute manière, je respecterais n'importe qui étant capable de contrôler mon frangin. C'est d'autant plus impressionnant avec elle qu'elle n'a pas de baguette pour le menacer.

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant