CHAPITRE 5 - Ah ! La famille...

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— Pourquoi est-ce que tu es aussi méchant avec moi ?

Malefoy me regarda, sincèrement étonné.

— Tu trouves que je suis méchant ?

— Oui.

— Je ne suis pas méchant.

— C'est aussi ce que dirait quelqu'un de méchant.

— T'es vraiment chiante dans ton genre, tu sais.

— Merci, répondis-je, vexée.

Je me levai pour m'en aller mais il me retint par le bras. Ça commençait à devenir une habitude. Une habitude dont je me serais bien passé.

— Attend, murmura-t-il.

— Fous-moi la paix, Malefoy, conclus-je sèchement.

Je me dégageai de son emprise et m'empressai de ficher le camp, ignorant ses prunelles qui me brûlaient la nuque. J'en avais plus que marre de Malefoy et de ses prétendus réflexes idiots de Prince Charmant. Je n'avais besoin de personne et encore moins de lui.

Le mal de crâne dont j'écopai le lendemain au réveil me convainquit de ne plus jamais boire de ma vie. Les filles devaient penser à peu près la même chose que moi, car la seule chose qu'on entendait dans le dortoir était des plaintes étouffés et des gémissements.

— Le vin des elfes a quelque chose de maléfique, murmura Sasha.

Rachel acquiesça, le regard éteint. J'allais prendre ma douche en rampant. La journée fut atroce. Je détestais les lendemains de soirée. J'avais des courbatures partout, d'immenses cernes s'étalaient sous mes yeux – je ressemblais à mon père ainsi, l'horreur. Marcher, parler, manger et même penser me semblaient compliqués. Tout était difficile. Je ne m'exprimais que par borborygmes. A ma grande surprise, je constatai néanmoins que j'étais l'une des rares à vivre aussi mal ce lendemain de fête.

Peut-être que les autres avaient fait moins d'excès que moi, ou bien ils étaient plus résistants. Après tout, je n'avais pas tant que ça l'habitude de faire la fête, me saouler à mort et me coucher toute habillée. Oui, parce qu'après ma dispute avec Malefoy, je ne gardais presque aucun souvenir de la soirée. Bizarrement, ça ne me préoccupait pas plus que ça. Et quand je m'étais réveillée ce matin en ayant l'impression qu'une armée de lutins s'amusait à cogner contre les parois de mon crâne, j'avais également eu la surprise de constater que j'étais encore habillée : mon loup avait imprimé d'étranges arabesques sur ma joue, j'avais encore mes chaussures et un filet de bave tâchait ma taie d'oreiller. Plus glamour, tu meurs.

Pour mon plus grand bonheur, Malefoy semblait s'être décidé à ne plus jamais m'adresser la parole, sauf en cas d'extrême nécessité : on en revenait aux « passe-moi le sel » et « tu peux aller chercher l'infusion d'armoise ? » ce qui m'allait très bien. En cours de Potions, il continuait de m'expliquer ce qu'il faisait mais d'un ton monocorde : ça ressemblait à un monologue, on aurait dit qu'il se parlait à lui-même. C'était assez vexant d'être ignorée de la sorte, mais après tout, c'était moi qui l'avais voulu.

En revanche ceux qui ne m'ignoraient pas, et c'était bien dommage, c'était ma famille. J'avais reçu au cours de la semaine, une avalanche de lettres. Mon frère, Hugo, lui n'en avait eut que deux. Comment faisait-il pour obtenir exactement ce qu'il voulait de nos parents c'était un vrai mystère qu'il refusait de partager avec moi :

— Hugo, tu veux bien me dire comment tu fais pour recevoir aussi peu de courrier ? Je n'en peux plus de lire toutes ces lettres, avais-je demandé entre deux cours, alors que je le croisais dans le couloir du sixième étage.

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant