CHAPITRE 41 - Deuil

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Le taxi s'arrêta pile devant moi. Je n'étais pas montée dans une voiture moldue depuis des siècles (Marcus et Ellen en possédaient bien une, mais je n'étais jamais montée dedans) et j'avais perdu l'habitude. Je ne me rappelais plus comment ouvrir la portière. Je restai donc plantée là, pleine d'alcool et titubante, quand le serveur qui m'avait appelé un taxi vint à mon secours – non sans lever les yeux au ciel au préalable. Je suis trop malheureuse pour m'en formaliser.

— Où allons-nous, Miss ?

Je fis un effort de concentration pour rassembler mes idées, mais mon cerveau n'était plus que brouillard et confusion.

— Chez Marcus et Ellen, essayai-je de dire.

Mais   tout   ce   qui   sortait   de   ma   bouche   ressemblait   à «  globleee ». Le taxi me regarda dans son rétroviseur, inquiet pour l'état de sa banquette arrière.

Je parvins finalement à lui donner l'adresse de Rachel, car j'étais incapable de me rappeler celle de Marcus et Ellen.

Le reste de la nuit fut flou, et je me réveillai dans un canapé que je ne reconnus pas avec un mal de tête lancinant.

Mon cousin surgit soudain dans mon champ de vision. Je gémis, les lancements dans mon crâne me donnant vaguement envie de me pendre.

— Alors, bien dormi ? s'exclama James avec un plaisir non dissimulé.

Comment faisait-il pour être aussi joyeux dans de telles circonstances ?! Cela me dépassait. Je lui envoyai le regard le plus noir dont j'étais capable avec ma gueule de bois.

— Tu es un être vil et cruel, marmonnai-je avant de m'enfoncer sur l'oreiller sur ma nuque. Rachel n'est pas là ?

James eut un air triste, et cela me renvoya avec une claque aux évènements de la veille.

— Elle est partie tôt ce matin pour aller aider les Zabini à organiser les funérailles, expliqua-t-il en me couvant du regard.

Mon cœur se serra. James prit mon épaule dans son poing, sûrement dans un geste de réconfort.

— Je n'aurais jamais dû boire autant, confessai-je, pleine de regrets.

— J'aurais sûrement fait comme toi à ta place, avoua James. Tu n'as pas toujours été un ange, et Merlin sait que Rachel était bouleversée après notre mariage... Mais les mots de Malefoy étaient de trop, ajouta-t-il une lueur dure dans le regard et la voix inflexible.

Je déglutis.

— Ne dis pas son nom s'il te plaît, le suppliai-je en chuchotant. D'une part parce que mon mal de tête me faisait regretter d'être

dotée d'une ouïe impeccable et d'autre part que je n'étais pas certaine de vouloir entendre ma propre supplique tant j'avais honte. Je n'étais plus capable d'entendre son nom, ni quoi que ce fût qui eut un rapport de près ou de loin à lui. Je ne voulais plus jamais avoir affaire avec cet individu.

— Je ne viendrai pas à l'enterrement, annonçai-je de but en blanc.

Il eut un sourire contrit.

— Tu crois que c'est ce qu'elle aurait voulu ?

Je pensais que sa question déclencherait une nouvelle salve de larmes, au lieu de quoi, je ressentis un simple pincement au cœur alors qu'un nœud se formait dans mon ventre.

— C'est au-dessus de mes forces, James. Je ne veux plus jamais le voir.

— Tu vas encore partir, n'est-ce pas ? ajouta-t-il d'un ton qui sonnait triste.

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